Les négociations en cours à la COP25 à Madrid tentent d’inscrire des règles au marché de la compensation jugé trop inefficace par certains experts. Pour parvenir à leurs objectifs de réduction des gaz à effet de serre, les pays développés, au travers notamment de leurs entreprises, se créditent des réductions d’émissions dans les pays les plus victimes de leurs effets.
Le marché de la compensation carbone a par exemple contribué au financement du Tramway d’Addis-Abeba en Ethiopie, à la valorisation des déchets dans les abattoirs du Sénégal, au développement de l’énergie éolienne au Maroc.
Les premières victimes des émissions de CO2 se situent dans leur grande majorité dans l’Hémisphère Sud. C’est le cas par exemple de Madagascar, île de l’océan indien, grande comme vingt fois la Belgique. Les écosystèmes de ses côtes, particulièrement ceux situés sur le Canal du Mozambique, sont menacés par la montée du niveau de l’océan. Son littoral abrite des espèces uniques au monde, précieuses pour le reste de la planète.
Madagascar, terre insulaire de biodiversité – victime des effets du réchauffement climatique
La grande île abrite 20% des mangroves africaines, 2% des forêts de palétuviers de la planète. Ces écosystèmes jouent un rôle crucial pour protéger les populations de la montée des eaux. Ils sont de véritables barrières et nourrissent en même temps des villages entiers.
Crabes, crustacés, bois de construction… Dans le petit village isolé de Kivalo, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Morondava, les habitants vivent grâce à la mangrove.
Depuis quelques années, leur ressource est menacée. Alors toutes les générations se mettent à planter. Une pousse de palétuviers met 4 ans à produire à son tour des graines. Pour que la graine devienne arbre, il faut introduire les "propagules" bien droites dans le sol, à bonne distance les uns des autres pour leur laisser l’espace nécessaire à leur croissance. Les enfants du village apprennent la technique dès le plus jeune âge : planter devient un rituel de groupe, une habitude bien ancrée. Entre eau douce et océan, ces différentes espèces de palétuviers absorbent 10 fois plus de carbone que les arbres forestiers.