La Professeure Anabelle Decottignies et son équipe de l’Institut de Duve (UCLouvain) viennent de trouver de nouvelles voies pour lutter contre certains cancers des enfants (appelés aussi cancers pédiatriques : NDLR)
Les traitements actuels des cancers fonctionnent très bien chez les enfants et les adultes, mais pour la professeure Anabelle Decottignies on peut comparer cela à l’utilisation " d’un gros canon ", par rapport à une thérapie ciblée qui sera " un tir de sniper, par exemple ". Les traitements actuels ont peu de spécificités et attaqueront aussi d’autres cellules de l’enfant. Cela peut donc avoir des conséquences à court et à long terme. Cela dépend de la chimiothérapie utilisée, certaines sont plus néfastes que d’autres. Dans les cas les plus graves, les enfants peuvent développer des surdités et, plus tard ils peuvent perdre leur fertilité, sans oublier des problèmes cardiaques ou des poumons. "Il existe, cependant des chimiothérapies moins lourdes qui peuvent relativement épargner l’enfant", précise-t-elle.
C’est dans ce contexte que cette chercheuse et son équipe viennent peut-être de trouver le moyen de ne détruire chez l’enfant que les cellules cancéreuses, sans toucher à leurs cellules saines et à leurs cellules souches. " Les cellules souches assurent notre capital de régénération et de tissu pendant toute la vie. Si vous entamez ce capital de régénération chez un enfant qui est jeune, forcément ça va entamer son potentiel de régénération et il vieillira plus vite en quelque sorte. Ses tissus s’épuiseront plus vite que s’il n’avait pas eu de chimiothérapie ".
Alors pour mieux cibler les traitements, ces chercheurs ont mis en culture des cellules provenant de tumeurs d'enfants. Et ce qu'ils ont découvert c'est une propriété bien particulière de ces cellules à se diviser à l'infini, dans un endroit au bout des chromosomes, appelés télomères : " Ces télomères des cellules cancéreuses sont vraiment particuliers et ne sont pas présents dans les cellules normales de l’enfant. Cela veut dire que si l’on arrive à cibler ces télomères des cellules cancéreuses par une thérapie vraiment ciblée on épargnera le reste des cellules de l’enfant ".
Cependant, le travail n’est pas encore terminé. Il faut encore trouver la bonne molécule, ce qui pourrait encore prendre une bonne dizaine d’années, mais c’est la première fois que la recherche s’intéresse de cette façon aux cancers pédiatriques. Des maladies rares qui représentent moins d’un pour cent de tous les cancers.
L’industrie pharmaceutique préfère investir dans les cancers les plus fréquents. Et pour montrer le contraste des recherches réalisées autour des cancers des adultes et des enfants, cette chercheuse nous donne les chiffres actuels qui parlent d’eux-mêmes : il y a en ce moment 1300 essais cliniques pour le cancer du poumon, il n’y en a aucun pour le cancer de l’os chez l’enfant (ostéosarcome : NDLR). Il y a en moyenne 350 nouveaux cas de cancers pédiatriques par an en Belgique pour 70 000 cas de cancers chez les adultes.