Environnement

Une mobilisation tous azimuts pour restaurer la santé des océans : "On a besoin d’un système résistant qui puisse amortir les chocs"

L'invité dans l'actu: Nicolas FOURNIER, directeur de campagne chez Oceana Europe

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Par Sophie Brems, avec A.P. via

Des stars internationales qui posent nues, cachées en partie… par des poissons. Voilà qui attire l’attention, et c’est bien l’objectif de cette campagne de sensibilisation, visible à Bruxelles devant les musées des sciences naturelles ou devant le Parlement européen.

Mélanie Laurent, Emma Thompson, Jean-Marc Barr ou Sean Penn participent en effet à la campagne Fish Love, une campagne organisée par Our.Fish et Oceana, la plus grande ONG de protection environnementale des milieux marins.

"Cette exposition vient là pour rappeler un petit peu le courage politique qu’on a besoin d’avoir, on a besoin de sensibiliser, notamment les eurodéputés qui sont au Parlement puisqu’ils ont un poids considérable, commente Nicolas Fournier, directeur de campagne chez Oceana Europe. C’est une exposition artistique pour interroger notre relation avec la surpêche, avec les océans. C’est le plus important écosystème planétaire qui fournit 50% de l’oxygène qu’on respire. Donc c’est hyper important de se concentrer sur les mesures, les moyens d’action qu’on a et on a besoin de renforcer ces efforts, dans l’état actuel de crise écologique et d’effondrement de la biodiversité."

© Our. Fish

L’exposition dénonce la surpêche. Et même si des améliorations sont constatées, si les pêcheurs ne peuvent pas faire ce qu’ils veulent en Europe, le problème reste important. "C’est vrai, admet Nicolas Fournier, on a aujourd’hui une réglementation européenne, la politique commune des pêches, qui définit justement des quotas de pêche, des mesures techniques, des fermetures de pêche, des réglementations. Cette PCP fixait comme objectif la réduction et l’élimination de la surpêche à l’horizon 2020. Aujourd’hui, en 2023, on n’a pas atteint ses objectifs. Il y a des améliorations qui sont visibles. On a réduit quasiment de moitié la surpêche dans l’Atlantique Nord, mais pour autant, on a toujours des quotas de pêche qui sont fixés plus haut que les avis scientifiques et donc il faut faire des efforts supplémentaires."

Le Parlement européen planche sur la restauration de la nature

Cette semaine, les parlementaires européens doivent discuter, dans le cadre du Green Deal, d’une stratégie pour restaurer la nature dans les prochaines années, ce qui explique les mobilisations tous azimuts pour sensibiliser à la santé des océans.

"C’est une future réglementation qui va viser à régénérer les écosystèmes marins et aussi terrestres. Et aujourd’hui, ce qu’on voit, c’est une attaque de la droite conservatrice, donc le Parti populaire européen qui ne veut pas de cette réglementation. […] Or on a tous besoin d’écosystèmes marins qui soient productifs, qui soient sains et résilients. Parce qu’à la fin du compte, la protection de la biodiversité, c’est important pour lutter contre le changement climatique. On a besoin d’un système qui soit résistant et qui puisse amortir les chocs. Et pour cela, il faut une diversité d’espèces. C’est comme une toile d’araignée, la biodiversité. On a des fils qui connectent ensemble, on a un système d’amortisseurs qui peut se mettre en place. Mais plus on perd des espèces, plus on fragilise le système. Il y a un risque de déséquilibre et d’effondrement. Et là, on est sur une pente qui est très glissante. On a besoin d’investir massivement dans la restauration de la nature, aussi pour la santé et le bien-être de tout le monde."

Le travail de l’ONG Oceana
Le travail de l’ONG Oceana © OCEANA

Des réglementations dont l’application doit encore être améliorée

Des réglementations européennes sont déjà en place, notamment pour le contrôle de la pêche et des quotas. Pour Nicolas Fournier, il faut renforcer les moyens de contrôle : Et ça, on ne le voit pas. Ce n’est pas forcément en adéquation avec l’enjeu. Pour la restauration de la nature, on a besoin aussi d’un nouveau cadre législatif parce qu’on parle d’une nouvelle approche avec la nature. On va investir pour régénérer des habitats. Et ça, par exemple, aujourd’hui, on n’a pas de cadre légal. C’est pour ça qu’on a besoin d’une nouvelle loi qui puisse baliser cela à l’horizon 2050. C’est vraiment une vision de société sur laquelle on doit s’engager. Dans le cadre de la pêche, on a des lois qui sont en place. Le cadre est très bon selon nous, mais il faut renforcer le contrôle et la mise en œuvre."

La pêche au chalut est également au centre des attentions de l’ONG Oceana. "Le chalutage de fond est très impactant pour la biodiversité. On va traîner des filets lestés sur les fonds marins et donc ça aplatit, ça détruit les habitats, c’est très peu sélectif. Et il y a aussi un impact climatique parce que ça va libérer du carbone qui était séquestré dans les fonds marins. Donc on a besoin d’avoir aussi une ambition politique pour interdire ces engins de pêche, notamment dans les aires marines protégées où elle se déroule librement. Donc on a une campagne très forte là-dessus, mais on doit aussi réfléchir à des transitions écologiques vers des engins qui soient plus sélectifs, qui soient moins gourmands en gazole par exemple."

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