Il est 9 heures quand nous poussons la porte d’un cabinet vétérinaire un peu particulier. Situé à Hingeon, ce centre réservé exclusivement aux NAC a ouvert ses portes il y a deux ans. Une réponse aux demandes de plus en plus nombreuses de propriétaires de NAC, ces "nouveaux animaux de compagnie" qui ont la cote depuis quelques années. Derrière l’acronyme se cachent tous les animaux de compagnie autres que les chiens et les chats. Le Docteur Coline Loigerot soigne ainsi de nombreux petits mammifères comme le lapin, l’espèce la plus courante dans ce centre, mais aussi des oiseaux exotiques ou des rapaces, ainsi que des reptiles (tortues, lézards, serpents).
La prévention… essentielle
L’espace est équipé de deux salles de consultation, une salle d’opération, un appareil de radiographie et d’échographie, afin de répondre aux demandes de soins spécifiques aux NAC, de plus en plus nombreuses. Une salle est également réservée aux animaux hospitalisés. C’est là que la journée du Docteur Loigerot commence. Les animaux qui ont passé la nuit sont pesés, auscultés, et leurs traitements éventuellement adaptés. Débutent ensuite les consultations, sur rendez-vous. Pour la première visite, le docteur reçoit une tortue terrestre et son propriétaire. Inquiet, il craignait un prolapsus, finalement il n’en est rien, mais c’est l’occasion de s’assurer que les conditions de vie de la tortue sont adaptées à ses besoins. Nourriture, température, hygrométrie sont passés en revue. La prévention occupe une place importante. "Le but c’est de faire le tour de l’environnement de la tortue pour vérifier qu’elle est dans un environnement convenable, c’est la base de la consultation reptile parce que la plupart des troubles surviennent à cause d’une erreur environnementale, on prend un animal qui vit dans un climat bien particulier pour le mettre en captivité dans un terrarium."
La plupart des consultations sont en fait des urgences. Ce matin-là, le propriétaire d’un jeune serpent morelia arrive après avoir observé une anomalie sur son animal. Une sortie d’organes par le cloaque. Dans ce cas, il faut agir rapidement. Le reptile est endormi, ses organes sont nettoyés, puis replacés à l’aide d’un coton-tige.
Une prise de conscience
Pendant que le jeune reptile est recousu, une dame patiente dans la salle d’attente. L’inquiétude se lit sur son visage. Dans le carton posé à ses côtés se trouve sa poule, mal en point. C’est une évolution récente. Désormais, les poules sont régulièrement reçues en consultation. "On en voit de plus en plus, ce n’est plus considéré un animal de rente mais bien un animal de compagnie. Les propriétaires, la plupart, sont prêts à les soigner comme ils soignent leur chien ou leur chat et y sont attachés de la même manière". La relation entre l’homme et son animal a évolué ces dernières années. Si Coline Loigerot déplore des abandons toujours trop nombreux, elle souligne une évolution positive ces dernières années. "Il y a une prise de conscience que l’animal est un être sensible. Les animaux font de plus en plus partie de la famille, avant le lapin vivait dans une cage et dans le jardin, maintenant il vit dans la maison, les gens ont de plus en plus d’attente au niveau des soins."
Echographie, radiographie ou prise de sang : des examens complémentaires souvent nécessaires
Une consultation coûte entre 32 et 45 euros, mais des examens complémentaires sont souvent nécessaires. C’est l’une des caractéristiques de la profession, les NAC arrivent souvent en urgence. Les modifications du comportement sont plus difficiles à observer chez un reptile que chez un chien… Quand le propriétaire observe des symptômes chez son animal, la pathologie est souvent très avancée. C’est aussi pour cette raison que les vétérinaires NAC ne se déplacent pas à domicile. Un matériel sophistiqué est souvent nécessaire, pour des examens approfondis. Entre deux consultations, nous avons par exemple assisté à l’échographie d’un pogona. Les propriétaires sont souvent prêts à débourser des sommes importantes pour soigner leur animal, les NAC sont aujourd’hui soignés comme les chiens et chats. Il n’est pas rare de faire une prise de sang ou une radiographie. "C’est une discussion que nous avons avec le propriétaire, pendant la consultation un lien s’établit, nous sommes là pour proposer des soins mais on s’adapte, et on trouve la meilleure solution pour l’animal tout en respectant la volonté du propriétaire, mais ils sont souvent motivés pour aller au bout et faire au mieux pour leur animal".
Une multitude d’espèces à soigner, l’intérêt mais aussi la difficulté du métier
Parmi les particularités du métier, la multitude d’espèces qui entrent dans la salle de consultation. Sur une journée, Coline Loigerot et ses collègues peuvent recevoir une quinzaine d’espèces différentes parmi lesquelles le lapin, l’animal qu’elle voit le plus en consultation, mais aussi un pigeon, un serpent morelia, un python banana qui se verra administrer un lavement ou encore un aigle qui sera endormi pour soigner ses pattes blessées.
C’est ce qui en fait la difficulté mais aussi l’intérêt : "Cela signifie maîtriser énormément de données biologiques, il faut connaître la médecine de toutes ces espèces qui est complètement différente d’un animal à l’autre. La différence entre un chien et un chat est minime par rapport à la différence entre un oiseau et un lapin."
Il faut pouvoir s’adapter, parfois bricoler (pour adapter le matériel par exemple) et surtout se former. Aujourd’hui, il n’existe pas de spécialisation NAC durant le cursus universitaire classique. Il faut donc se former auprès d’autres vétérinaires, lire les études et publications, suivre des formations… Cette médecine vétérinaire est en plein développement.