A la fin juin, l'accouchement d'une détenue de Lantin s'est déroulé alors que la mère était menottée. C’est du moins ce qui est écrit dans la plainte qu’une dame vient d’adresser à la direction de Lantin.
Elle raconte qu’après le début des contractions, transférée dans la chambre sécurisée de l’hôpital de la Citadelle, elle est restée les deux mains menottées et immobilisées sur le ventre par une cordelette et attachée au brancard par la cheville. Une situation qui se serait poursuivie en salle de travail.
C’est au moment de la venue du bébé que cette immobilisation aurait été allégée. Une sage-femme a dû intervenir pour que l’une des deux gardiennes sorte "faute de place". Mais l’autre est restée. Un récit confirmé au moins partiellement de source médicale.
Ce sont ensuite des surveillants masculins qui ont pris le relais, présents vingt-quatre heures sur vingt-quatre, même pendant des temps d’allaitement. L’intéressée se dit traumatisée par le manque d’intimité.
Des pratiques interdites
La commission de surveillance des établissements pénitentiaires s’est saisie du dossier. Ces pratiques sont en effet en totale contradiction avec les conventions internationales. Les Nations Unies, dans les règles à appliquer aux détenus, interdisent ces moyens de contrainte en période périnatale. Le comité européen pour la prévention de la torture qualifie ce traitement d'inhumain et dégradant si d’autres mesures permettraient de satisfaire aux exigences de sécurité.
Plus encore, un accord entre la Citadelle, l’office de la naissance et l’administration carcérale, signé en décembre dernier, impose de limiter les entraves au plus strict nécessaire. Pour quelle raison ce règlement n’a-t-il pas été respecté ? C’est ce qu’une enquête doit tenter d’établir.