2. "Le monde s’est réchauffé beaucoup moins que ce que prévoit le GIEC sur la base de modélisations anthropiques forcées… La politique climatique repose sur des modèles inadéquats" : infondé
Depuis le premier rapport, les projections du GIEC se sont pourtant avérées plutôt correctes, expliquait début août Xavier Fettweis à l’AFP. "Quand on regarde les projections du GIEC des rapports de 2001 et de 2007, le réchauffement anticipé est exactement celui qu’on observe", a déclaré le climatologue dans cet article de vérification.
Plusieurs climatologues ont comparé les projections des experts du GIEC avec les températures réellement observées, expliquait déjà Libération en 2019.
Ainsi, les auteurs d’un article publié sur la plateforme Carbon Brief (financée par la Fondation européenne pour le climat) estimaient en 2017 que "les modèles climatiques publiés depuis 1973 ont généralement été assez bons dans la prévision du réchauffement futur. Si certains étaient trop faibles et d’autres trop élevés, ils présentent tous des résultats raisonnablement proches de ce qui s’est réellement produit, en particulier lorsque les écarts entre les concentrations de CO2 prévues et réelles et les autres forçages climatiques sont pris en compte".
Dans le premier chapitre du sixième rapport d’évaluation du GIEC, les scientifiques ont établi un schéma comparant les projections des courbes de températures de précédents rapports du groupe avec celles de plusieurs climatologues – tels que Syukuro Manabe ou James Hansen - et les températures réellement observées.
On observe que les projections correspondent assez bien aux températures réellement observées, avec des différences qui n’excèdent pas 0,2 °C.
3. "Une augmentation de CO2 est bénéfique pour la nature, verdissant notre planète. L’augmentation de CO2 dans l’air a favorisé la croissance de la biomasse végétale mondiale" : trompeur
L’argument selon lequel le CO2 serait bénéfique pour la nature repose sur une confusion entre le CO2 biologique et le CO2 émis par les activités humaines, comme détaillé dans cet article de vérification.
Le CO2 est effectivement un gaz dit "naturel", comme la vapeur d’eau, c’est-à-dire qu’il existait déjà dans l’atmosphère bien avant l’apparition de l’homme sur la planète.
"Il y a bien sûr une partie du cycle du carbone qui est naturelle", expliquait ainsi Sonia Seneviratne, professeure en sciences climatiques à l’école polytechnique fédérale de Zurich en juin à l’AFP. "Si on ne brûlait pas d’énergies fossiles, il y aurait forcément du CO2 dans l’atmosphère. Les plantes, par exemple, capturent du CO2 par photosynthèse. Puis du CO2 est réémis lors de leur décomposition. Ce sont des phénomènes naturels", ajoute-t-elle.
Ce gaz participe également au fonctionnement de notre organisme : "Quand on respire, on inspire de l’oxygène et on relâche du CO2", confirme le directeur de recherche à l’ENS, expert carbone et climat, Pierre Friedlingstein.
"Le problème", souligne Sonia Seneviratne, "est qu’on a désormais un apport additionnel de CO2 dans l’atmosphère qui vient de la combustion d’anciens déchets végétaux : le pétrole, le gaz ou le charbon étaient à l’origine des plantes qui ont capturé du CO2, sous forme organique, qui est resté stocké sur la planète. Lorsqu’on les brûle, on relâche un apport additionnel de CO2 dans l’atmosphère qui va y rester des centaines à des milliers d’années, et comme c’est un gaz à effet de serre, il induit un déséquilibre dans notre système climatique."
"Avec les combustibles fossiles, on émet du CO2 qui a été retiré de l’atmosphère il y a des millions d’années et qu’on réinjecte maintenant : ça ne fait que ramener le CO2 de là où il était il y a 50 millions d’années", complétait Pierre Friedlingstein.
Le CO2 n’est donc pas dangereux en tant que tel, mais lorsque sa concentration dans l’atmosphère est élevée, il contribue au réchauffement de la planète au même titre que le méthane ou le protoxyde d’azote qui sont, eux aussi, des gaz à effet de serre (GES).
"Comme la Terre se réchauffe à la suite du rayonnement solaire, elle émet de la chaleur en réponse, qui repart dans l’espace. Les gaz à effet de serre empêchent cette chaleur de s’en aller, un peu comme une couverture. Plus on a de GES, plus cette couverture est épaisse. C’est pour ça qu’on a une augmentation de la température", détaillait Sonia Seneviratne.
Cette augmentation de la température terrestre a des effets néfastes et dangereux sur la biodiversité, les populations, l’agriculture ou encore les ressources en eau.
Selon les experts cités dans cet article de l’équipe de vérification germanophone de l’AFP, les plantes ne peuvent en effet traiter qu’une part limitée de l’excès d’émissions de dioxyde de carbone, et souffrent des effets du changement climatique.
Les rapporteurs du GIEC indiquent dans leur dernier rapport que ces impacts, déjà observables depuis plusieurs années, vont continuer à se multiplier et à s’intensifier si le changement climatique se poursuit au même rythme.