Patrimoine

Une charte du 12e siècle traverse l’Atlantique pour revenir en Belgique

© RIJKSARCHIEF

La charte de Philippe d’Alsace, comte de Flandre, conservée à l’abbaye bénédictine de Messines (Mesen) en Flandre occidentale et qui avait disparu au début de la Première Guerre mondiale, a été remise officiellement ce jeudi aux Archives de l’État.

La charte avait refait surface au Metropolitan Museum of Art of New York City (Met) en décembre 2016. Le Met a accepté, début 2020, de restituer à la Belgique ce précieux document, qui fait partie de notre patrimoine culturel.

Une charte qui échappe aux bombardements pendant la Grande Guerre

Le document en question est un titre de propriété qui date de 1176. Agrémentée d’un superbe sceau, la charte avait été remise par le comte de Flandre, Philippe d’Alsace, à l’abbaye de Messines (Mesen) dans la région d’Ypres. Le document, qui officialise donc la donation d’un lopin de terre du comte de Flandre à l’Église, était conservé dans le chartrier de l’abbaye (sécularisée à la fin du 18e siècle, convertie en institution d’enseignement militaire).

Pendant la guerre 14-18, le fonds d’archive de l’abbaye est en partie détruit, en même temps que l’abbaye elle-même. Certains documents échappent aux dommages suite aux bombardements, et sont ainsi dispersés. C’est le cas de cette fameuse charte.

Un chercheur américain emmène la charte aux États-Unis

Au début des années 1920, un chercheur américain de passage en Europe met la main sur la charte et l’achète. La charte traverse l’Atlantique et, comme l’explique Claude de Moreau de Gerbehaye, chef de département aux Archives du Royaume, "est remise à l’institution du chercheur américain lors de son départ à la retraite. Le document était conservé au Met à New-York (le Metropolitan Museum of Art of New York City). Il avait été numérisé et apparaissait sur le site internet du Met. C’est ainsi qu’un chercheur belge, consultant ce site, a découvert le document puis a contacté les Archives de l’État."

Les Archives de l’État prennent alors contact avec le Met, et il faudra quelques années pour que cette charte revienne sur nos terres. "Les raisons sont multiples, précise Claude de Moreau de Gerbehaye. D’une part, c’était une première : on n’avait jamais récupéré de document provenant des États-Unis. Il y avait donc un certain nombre de choses à régler, notamment d’un point de vue juridique. Deuxièmement, nous coopérions avec le ministère des Affaires Étrangères en matière de transfert de document d’archive publique. C’était également une première. Enfin, la période Covid a compliqué le processus (de restitution de la charte, ndlr)".

Un document dans un très bon état de conservation

Jusqu’ici la charte a été très bien conservée. "C’est dû vraisemblablement à la nature du support : c’est de la peau de bête qui a été traitée, et traverse le temps avec pas mal de facilités", explique Pierre-Alain Tallier, chef de département aux Archives de l’État.

Il s’agit d’une écriture à l’encre sur une peau de bête. La taille du sceau du comte de Flandre (qui avait un titre de prince Souverain) est assez imposante pour l’époque.

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