Chroniques

Une Belgique en panne d’énergie… politique

Philippe Walkowiak

© RTBF

 

Les factures d’énergie flambent. Le gouvernement fédéral peine toujours à prendre des mesures qui permettent de soulager une plus large partie de la population. La coalition fédérale à sept partis paraît sclérosée : chacun défend son idée et bloque celle de l’autre. Le ballet des réunions ministérielles va se poursuivre. En vain ?

Impuissance

Le monde politique belge s’est rendu impuissant. Le secteur de l’énergie (électricité, gaz) est depuis toujours confié au secteur privé. Pendant longtemps, le gouvernement belge parvenait à s’entendre avec les opérateurs privés belges.

En Belgique, le secteur de l’énergie a toujours été très puissant, le privé disposant d’un monopole de fait, " offert " par les pouvoirs publics. Après-guerre, pour éviter une nationalisation comme en France, Italie ou Grande-Bretagne, les sociétés Unerg, Intercom ou Ebes (où l’on retrouvait la Générale ou GBL notamment) ont su se concilier les bonnes grâces des trois grandes familles politiques. De plus, toutes les communes ou provinces touchaient d’importants dividendes de leurs participations dans ces sociétés. C’est aussi ce monopole de fait qui allait faire des prix de l’électricité en Belgique, l’un des plus élevés d’Europe.

Dans les années 1990, ces sociétés se retrouvaient dans le giron de groupes étrangers. Le gouvernement belge perdait la main.

En France, le gouvernement vient de contraindre, d’autorité, EDF à limiter à 4% la hausse des factures. Même si la proximité de l’élection présidentielle explique beaucoup, cela serait inimaginable ici et réduit d’autant l’action des autorités belges à du bricolage.

Eclatement

A sa décharge, le gouvernement fédéral a déjà agi mais son action reste limitée à son champ de compétences. Le tarif social a été élargi, ce qui a déjà coûté 760 millions€. La baisse de la TVA de 21 à 6% demeure sur la table mais pose finalement autant de problèmes qu’elle n’en résout. Diminuer la TVA sur l’énergie n’est pas une mesure en faveur des consommateurs, mais bien une mesure en faveur des employeurs selon Etienne de Callatay (UNamur).

De plus, le prix de l’énergie elle-même ne constitue qu’une partie de la facture où l’on retrouve aussi bien des redevances, taxes diverses, le coût de l’éclairage public ou les dividendes des intercommunales. Et à ce niveau, il reviendrait aux régions d’agir.

Car la compétence " énergie " comme d’autres est éclatée entre niveaux de pouvoir. L’éolien offshore est fédéral mais le terrestre revient aux régions, par exemple. Les émissions de CO2 sont contrôlées par le pouvoir régional ; de même, si c’est le fédéral qui décide de fermer des réacteurs nucléaires en Wallonie ou en Flandre, ce sont ces deux régions qui permettent ou pas l’installation des centrales au gaz, censées les remplacer, etc.

Pendant ce temps, la facture grimpe, grimpe… comme le malaise social.

 

@PhWalkowiak

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