Belgique

Une augmentation des prix du diesel ou du mazout dès le 5 février ? "Non, non et non", répond la Brafco

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Les prix du diesel vont-ils augmenter pour des raisons de géopolitique internationale ? C’est ce qu’indique depuis plusieurs jours déjà, l’ingénieur spécialiste des réseaux électriques, Damien Ernst (Université de Liège).

Son point de vue exprimé par exemple sur son compte Twitter, mais aussi dans d’autres médias quotidiens belges, comme ici, ici ou , se base sur des décisions de géopolitiques liées aux imports en Europe de pétrole Russe.

Dans un autre tweet, le professeur de l’ULiège précise que c’est "une crainte, pas une affirmation", mais que ses "craintes sont souvent fondées". 

Pour Olivier Neirynck, directeur technique à la Brafco (Fédération belge des négociants en combustibles et carburants), cette crainte est, au contraire, tout à fait alarmiste et non-fondée.

Un embargo européen et une interdiction russe : les deux faces d’une même pièce

Pour mieux comprendre, retour au milieu de l’année 2022. Dès le mois de mai, en représailles à la guerre en Ukraine, les pays de l’Union européenne, du G7 et l’Australie mettaient en place un plafonnement des prix du pétrole russe et un embargo.

D’une part, un plafonnement des prix établi à 60 dollars le baril de pétrole interdit donc aux acheteurs de pétrole russe de le vendre en Occident s'il a été acheté plus cher qu'à 60 dollars le baril en Russie. Cette décision a pour objectif de réduire le bénéfice réalisé par la Russie sur ses produits pétroliers. Les Occidentaux suspectant l’argent du pétrole de financer la guerre, directement ou indirectement.

D’autre part, un embargo est appliqué sur le pétrole acheminé par voie maritime (et uniquement par cette voie-là). Cela représente environ 90% du pétrole russe importé en Europe. Cet embargo est appliqué en deux temps :

  • Le 5 décembre 2022 pour le pétrole brut ;
  • Le 5 février 2023 pour les produits raffinés comme le diesel.

En représailles de ces deux décisions, c’est la Russie elle-même qui a décidé d’interdire les exportations de pétrole aux pays utilisant le plafonnement des prix dès le 1er février. Autrement dit, si l’embargo et le plafonnement avaient déjà réduit drastiquement les importations de pétrole en Europe, ces importations seront désormais nulles.

Un impact sur les prix du diesel réduit voire… négatif

La question suivante est celle de l’impact du prix du diesel à la pompe. Selon Damien Ernst, ces prix risquent d’augmenter. Chez nos confrères de RTL, l’ingénieur liégeois développe : "On importe en ce moment 700.000 barils de diesel russe par jour en Europe. Si on ne peut plus les accepter à partir du 5 février, ces barils vont devoir venir d’ailleurs, probablement du Moyen-Orient. Mais les distances sont plus longues depuis le Moyen-Orient que de Russie, et donc cela coûtera plus cher. Cela demandera aussi une réorganisation de la logistique. Enfin, l’économie chinoise a repris ce qui va augmenter la demande en pétrole sur les marchés mondiaux. Ces trois facteurs me laissent penser qu’on va vers une augmentation des prix des produits pétroliers."

Et Damien Ernst de conseiller aux Belges de faire maintenant le plein de leur cuve de mazout.

Une augmentation des prix ? "Non, non et non", répond Olivier Neiryck, directeur technique de la Brafco. "D’abord, parce que cette décision russe est connue depuis décembre, les marchés se sont adaptés. Il n’y aura aucune surprise sur les marchés le matin du 6 février. Tout a été anticipé et des solutions alternatives et fiables ont pu être mises en place avec le Moyen-Orient, l’Inde ou les Etats-Unis."

Une augmentation possible...de 1 à 2 cents par litre

Mais l’expert des prix pétroliers de la Brafco ne donne pas totalement tort à Damien Ernst. "Il est vrai qu’il pourrait y avoir des coûts supplémentaires liés à la logistique ou aux transports qu’il a fallu réorganiser, mais on parle d’une augmentation possible de l’ordre de 1 à 2 cents par litre. Cette augmentation est minime par rapport à d’autres augmentations ou baisses de 3 ou 4 cents que l’on connaît en temps normal. Lorsque le premier volet de l’embargo a été appliqué début décembre, les prix ont même baissé le lendemain", conclut-il en exemple.

Comme nous pouvons le voir via notre outil interactif, le prix maximum du Diesel à la pompe est presque au plus bas depuis un an à 1,77€/L maximum (contre 1,74€/L début décembre 2022 et 2,29€/L début mars 2022).

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