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Une ancienne carrière devenue décharge illégale à Mettet : le bourgmestre, un échevin et d’anciens élus devant le tribunal

L'ancienne carrière de Biesmerée a été progressivement transformée en centre d'enfouissement technique, sans aucune autorisation.

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Par Hugues Van Peel, avec Belga

Le bourgmestre et le premier échevin de Mettet, ainsi que quatre anciens échevins et la commune en tant que personne morale, ont comparu ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Namur. Ils sont poursuivis pour défaut de permis d’environnement, gestion non-conforme de déchets et modification du relief du sol.

L’affaire concerne l’ancienne carrière de Biesmerée dont l’exploitation s’est arrêtée en 1975. Les prévenus se voient reprocher d’avoir déversé à cet endroit près de 62.000 tonnes de déchets divers, sans autorisation, pendant près de quarante ans. Il s’agit en majeure partie de pierres, de briquaillons, de terres de terrassement et de gravats. Mais l’enquête a aussi révélé la présence de pneus, de boues de curage et même d’amiante et de fibre-ciment.

"C'est en 2018 que le premier échevin Robert Joly m'a interpellé sur la question, a expliqué à l’audience Yves Delforge, bourgmestre. Après vérification, nous nous sommes rendu compte que nous n'avions pas de permis. C'est une erreur, nous avions toujours versé des remblais, et aucun déchet, dans cette carrière et je pensais de bonne foi que nous avions les permis pour le faire. Nous avons fait faire des prélèvements à huit mètres de profondeur, avons appris qu'il y avait de l'amiante dans le sol et en avons fait refaire à douze mètres de profondeur. L'étude complémentaire stipule que les quantités retrouvées ne présentent aucun danger. Depuis 2018, nous avons fait fermer la carrière et avons stoppé tous les dépôts. Nous avons depuis introduit une demande de permis unique pour stocker les déchets à un autre endroit."

Des constats anciens

Les autres prévenus croyaient eux aussi "que tout était en ordre". Mais la substitute du procureur du Roi a quelque peu nuancé ces déclarations.

"En septembre 2000, un inspecteur de l'environnement a constaté des infractions au décret sur les déchets et un procès-verbal a été dressé, a expliqué Delphine Moreau. Outre des inertes, des encombrants ont été constatés sur place. En octobre 2004 également, un PV a été dressé, précisant que la commune n'avait pas de permis pour remblayer la carrière avec des déchets."

Faudra-t-il tout évacuer?

Dernier des prévenus interrogés, Robert Joly, ancien avocat et actuel premier échevin, n'a pas mâché pas ses mots.

"C'est bien le politique qui a pris conscience de la situation et en a averti la directrice générale, pas l'inverse, nous avons été proactifs dans le dossier. La directrice générale a dénoncé les faits à la police, mais sans préciser que nous étions à la base des démarches. La citation du parquet à notre encontre dans ce dossier est inopportune."  

Selon une étude réalisée par une société spécialisée, l’ancienne carrière ne représente pas une menace grave pour l’environnement. Mais la Région wallonne, partie civile, réclame tout de même l’évacuation totale des déchets et la remise en état du site, sauf s’il est prouvé qu’un assainissement et un réensemencement des lieux sont suffisants.

Les débats se poursuivront le 21 juin.

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