"Un vrai plan alcool, sinon rien!"

"Un vrai plan alcool, sinon rien!"

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Par Sophie Mergen

Un plan d'action national alcool (PANA) devrait voir le jour à l'issue de la conférence interministérielle de ce lundi 24 octobre. Mais les acteurs de terrain sont sceptiques. Ils reprochent au gouvernement de trop souvent céder à la pression des intérêts commerciaux.

La lutte contre la consommation excessive d'alcool est, en effet, un éternel bras de fer entre intérêts de Santé publique et lobbies alcooliers.

En 2013, le plan alcool avait été bloqué par l'Open VLD, arguments économiques à l'appui. Le groupe "Jeunes, alcool et société" redoute un nouveau blocage cette année. Ce groupe rassemble douze associations actives dans les secteurs de la santé, de la jeunesse et de l'éducation.

Parmi elles, Univers Santé, Infor-drogues, la Ligue des familles ou encore les Scouts. Le slogan de ce tissu associatif est clair : "un vrai plan, sinon rien!'". Pour encourager le monde politique à adopter des mesures ambitieuses, le groupe a formulé son propre plan d'action alcool, avec trois mesures phare.

Interdire la publicité pour l'alcool

La première est radicale: une interdiction pure et simple de la publicité pour l'alcool. "L'alcool est la seule drogue pour laquelle la publicité est encore autorisée. C'est une drogue légale qui est culturellement ancrée dans notre quotidien. Pourtant, l'alcool est un psychotrope qui agit sur notre comportement et notre conscience, et la publicité a tendance à nous le faire oublier" défend Anne-Sophie Poncelet, porte-parole du groupe "Jeunes, alcool et société".

Clarifier la législation

La seconde proposition consiste en une clarification de la législation relative à la vente, à l'offre et au service d'alcool aux mineurs.

Actuellement, la loi prévoit une interdiction de l'alcool pour les moins de 16 ans, et une interdiction des boissons spiritueuses pour les mineurs âgés de 16 à 18 ans. Mais le terme de "boissons spiritueuses" reste pour le moins flou, tant pour les commerçants que pour les consommateurs. C'est pourquoi le groupe propose de réviser la loi en autorisant aux 16-18 ans les boissons dont le taux d'alcool ne dépasse pas 16°.

Investir dans la prévention

La troisième et dernière revendication a trait à la prévention. Actuellement, la prévention ne représente qu'un 1,24 % des dépenses publiques allouées aux drogues, contre plus de 75 % pour l'assistance (soins...) et plus de 20% pour la sécurité.

"Il y a un vrai déficit au niveau de la prévention. Lorsqu'1€ est alloué à la prévention, 100 € sont investis en répression et en soin, et 170 € en publicité. Il est temps de remettre de l'équilibre dans tout ça" dénonce Martin de Duve, directeur d'Univers Santé.

L'alcool: troisième cause de mortalité précoce

Actuellement, l'alcool est la troisième cause de morbidité et de mortalité précoce en Belgique, et la première chez les jeunes de 15 à 29 ans.

Un Belge sur dix a un problème avec l'alcool. Les adultes restent les plus gros consommateurs. Mais si les jeunes consomment moins souvent, ils consomment en plus grande quantité, avec une tendance à la recherche d'ivresse. Pas évident de les sensibiliser dans un contexte où l'alcool est vu comme sociabilisant.

Pour Anne-Sophie Poncelet, cela montre l'importance d'une action coordonnée: "Il faut travailler à travers plusieurs angles. La publicité en est un, la législation en est un autre. Il faut aussi miser sur l'éducation au quotidien, rétablir le dialogue notamment entre parents et enfants... pour que l'alcool ne soit plus dans cette situation paradoxale d'être à la fois banalisé et tabou".

 

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