Un plan fédéral Handicap : pour favoriser une pleine inclusion des personnes en situation de handicap dans la société d’ici 2024

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Par M. A. avec P. M. et agences

Un plan d’action fédéral en faveur des personnes en situation de handicap approuvé par le Conseil des ministres au mois de juillet dernier a été présenté ce matin à la Ligue Braille par la ministre en charge des Personnes handicapées Karine Lalieux (PS). La Belgique ne figure pas parmi les bons élèves au niveau européen, il s’agit donc de rattraper le retard.

Le plan fédéral Handicap (2021-2024)

Le plan fédéral Handicap compte 145 engagements destinés à favoriser une pleine inclusion des personnes en situation de handicap dans notre société d’ici la fin de la législature. Le tout a été élaboré en étroite collaboration avec l’ensemble des ministres et secrétaires d’Etat, soutenus par les organisations représentatives des personnes en situation de handicap (Conseil supérieur national pour les personnes handicapées et Unia).

Cibler les obstacles et proposer des mesures

Le plan détaille d’abord les obstacles auxquels sont confrontées au quotidien les personnes en situation de handicap en Belgique, pour ensuite proposer des mesures qui devront les supprimer sous cette législature. Cela concerne tous les aspects de la vie : gestion de la crise sanitaire, soins de santé et protection sociale, travail et emploi, accessibilité, mobilité, lutte contre la discrimination, participation à la vie culturelle et aux sports, etc.

"Les ministres et secrétaires d’État sont désormais responsables de l’élaboration et la mise en œuvre de leurs propres mesures. Le Gouvernement réaffirme ainsi sa volonté ferme de faire de l’inclusion l’un des marqueurs forts de sa politique, précise Karine Lalieux. Les personnes en situation de handicap font face à des défis particuliers dans notre pays, avec notamment un risque de précarité plus élevé que le reste de la population et un accès difficile au marché du travail. La Belgique a encore un long chemin à parcourir, mais ce nouveau plan d’action accélérera les réformes nécessaires."

L’accès à l’emploi reste problématique pour une majorité des personnes handicapées

Il y a plus de 675.000 personnes en Belgique dont le handicap est reconnu par la DG Personnes handicapées, "soit 6% de la population belge", note la ministre socialiste. Malgré la législation existante, et l’inscription dans la Constitution du droit aux "aménagements raisonnables", l’accès à l’emploi reste problématique pour une majorité des personnes handicapées. "En 2018, elles connaissaient un taux d’emploi de 31,6%. Et parmi ceux qui ne travaillent pas, un quart affirme vouloir travailler, mais que cela nécessiterait des aménagements que l’employeur ne fait pas", commente Karine Lalieux.

Exemple, aujourd’hui la technologie permet aux personnes malvoyantes de se servir d’un ordinateur. Pourtant, dans les administrations fédérales le taux d’occupation des personnes en situation de handicap n’atteint que 1,2%, soit trois fois moins que l’objectif prévu. Il faut étudier de "nouvelles formes d’emploi", peut-on lire dans le plan.


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Pour la ministre en charge des Personnes handicapées, les récentes situations d’urgences lors des dernières inondations ont montré les lacunes : "Totalement révélateur. J’étais à Angleur lundi, et là j’ai eu des témoignages assez affolants de personnes qui étaient sourdes et malvoyantes et malentendantes et qui n’ont pas eu accès à l’information. Elles se sont retrouvées face à l’eau alors qu’elles n’avaient eu aucun message par SMS. Ce n’est pas acceptable, nous devons revoir les plans de gestion de crise".

D’autres mesures comme éliminer les risques de "double imposition" des parents d’un enfant porteur de handicap, ou encore créer un "pool" d’interprètes en langue des signes pour l’administration et veiller à ce que les bureaux de vote soient accessibles sont aussi au programme.

Le plan ayant été co-construit avec l’ensemble des ministres et secrétaires d’État, ils seront responsables des mesures à prendre dans leur département. Par exemple : l’accessibilité des trains, des cours et tribunaux, simplification administrative, etc. "l’ensemble des ministres ont participé au processus et ont eux-mêmes déterminé des mesures concrètes pour arriver à une société plus inclusive", explique Karine Lalieux.

Limiter l’impact négatif d’une mise à l’emploi sur les allocations

Il faut également travailler au "prix du travail", indique la ministre Lalieux : c’est-à-dire rendre plus prévisible, et limiter, l’impact négatif qu’une mise à l’emploi peut avoir sur les allocations perçues, de manière à ce qu’un boulot soit toujours une "plus-value" pour la personne concernée.

En dix mois, nous avons déjà réalisé des choses

"En dix mois, nous avons déjà réalisé des choses", observe-t-elle. La suppression de ce qu’on a appelé le "prix de l’amour" est vue comme une victoire importante, par exemple. En effet, depuis le 1er janvier, les choix de vie des personnes avec un handicap n’ont plus de conséquence sur le montant de leur allocation d’intégration. Auparavant, lorsqu’une personne en situation de handicap vivait en couple, cela avait un impact négatif sur son allocation d’intégration. La loi prévoyait que le montant soit réduit en fonction notamment des revenus du conjoint ou de la conjointe.

L’augmentation graduelle de l’allocation de remplacement de revenus, jusqu’en 2024, a aussi déjà été annoncée.

Dans le plan d’action présenté jeudi, une des actions phares est d’évaluer et, le cas échéant, réformer la loi de 1987 régulant les allocations pour personnes handicapées, et de prévoir une procédure de reconnaissance davantage "multidisciplinaire". Actuellement, l’unique évaluation par un médecin ne permet pas de prendre en compte toutes les formes de handicap mental ou psychique, constate par exemple la ministre. Repenser l’accès des personnes porteuses de handicap à certains remboursements par l’assurance maladie (logopédie, entre autres) fait également partie des actions prévues.

Une première évaluation du plan est prévue pour la fin 2022. Le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées (CSNPH) participera à l’évaluation.

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