Bientôt à table

Un petit verre dans un chai urbain ? On y file !

© Ardent winery

Par Sophie Moens via

Comme chaque mois, l’équipe de "Bientôt à Table !" vous invite pour de jolies balades gourmandes bien locales. Une fois n’est pas coutume, petite halte désaltérante dans des endroits d’un nouveau genre : les chais urbains ! Déambulation orchestrée par Marianne Périlleux entre Bruxelles, Liège  et Anvers! 

"Une nouvelle manière de déguster du vin en effet, et surtout d’en produire, puisque le principe du chai urbain est de vinifier du vin au cœur des villes avec des raisins achetés… ailleurs !" L’idée n’est pas neuve, elle est apparue aux Etats-Unis il y a une bonne vingtaine d’années, elle s’est répandue ensuite dans les grandes villes européennes, Londres d’abord, ensuite Marseille, puis Paris, Nantes, Bordeaux, Reims depuis peu. Chez nous en Belgique, le premier à se lancer dans ce type de projet, c’est Thierry Lejeune qui crée Gudule Winery à Bruxelles et produit ses premières cuvées en 2018, avec un succès depuis lors avéré et même inspirant pour d’autres amoureux du vin comme lui, puisque l’on compte désormais une très belle winery à Anvers et déjà deux à Liège, en plein cœur de la cité Ardente. "Comme me l’ont confié plusieurs interlocuteurs, précise Marianne, les chais urbains, c’est aujourd’hui plus qu’une tendance, c’est un nouveau modèle économique, un nouveau mode de production sur un produit phare : le vin, même s’il faut préciser qu’il s’agit d’un phénomène de niche dans l’énorme marché qu’est la production viticole !"

Le concept, des raisins achetés dans d’autres pays producteurs et acheminés au cœur des villes, on vous explique:

"C’est tout à fait ça ! Mais pas n’importe quels raisins, puisqu’il s’agit de raisins issus de l’Union européenne, raison pour laquelle ces chais d’un nouveau genre produisent, non pas des vins belges, puisqu’ils ne peuvent revendiquer aucune appellation ou dénomination d’origine, mais des " vins de la Communauté européenne ". Gudule à Bruxelles par exemple fait importer en moyenne 40 à 50 tonnes de raisins par an représentant 17 cépages, 11 vignerons et 5 pays européens, proches de chez nous (France, Italie, Espagne, Allemagne et Autriche), pour produire à ce jour 8 cuvées différentes de vins blancs, rosé, rouges et bulles. Cela, c’est vraiment le grand principe des chais urbains : amener le raisin en ville, où il est bu finalement, non pas au cœur des vignes, puisqu’il n’y en a pas, mais au cœur du chai où les opérations de pressurage, d’élevage et d’assemblages seront effectuées. Thierry Lejeune par exemple n’hésite pas à comparer son nouveau métier (puisqu’il était imprimeur à la base) à celui de parfumeur, puisqu’il crée de nouvelles saveurs, de nouveaux arômes, de nouvelles harmonies en assemblant différents cépages.

Comprenez que la grande idée qui sous-tend tout cela, c’est de créer de nouveaux styles de vins, quitte à casser les codes.

Créer de nouveaux styles oui, mais créer des bons vins surtout, c’est leur ambition, des vins de qualité, des vins conviviaux, à consommer entre amis.

Ce n’est pas un hasard si ces vins d’un nouveau style correspondent à des moments de la vie quotidienne dont ils portent le nom. Citons par exemple " Soirée à l’Opéra ", " Retour du Marché " ou " Dîner en ville " chez Gudule, même tendance à la Luyck Winery à Liège créée il y a peu par une famille d’origine néerlandophone mais liégeoise de cœur dans un site exceptionnel situé sur les hauteurs de Liège, dans le quartier du Cadran, des caves historiques et classées du 16e siècle ! Ici aussi, les étiquettes, les noms correspondent à des ambiances, des moments : vous y trouverez " Le Zinc ", " Le Trente et Un ", " La Bonne nouvelle " ou encore " Le Paradoxe ". Dans cet autre chai liégeois, l’Ardent Winery " (en photos), lancé il y a un an par la jeune équipe de cavistes des Vintrépides installés en Neuvice, la gamme de vins (en l’occurrence des monocépages certifiés bio) répond au nom de " Into the Wine ", pour ceux qui ont lu le livre ou vu le film " Into the wild ", cela percute. 

De concepts, mais aussi de conseils, on se le demande évidemment, on ne se lance pas " comme ça " dans la production de vins ! "Non évidemment, détaille Marianne, toutes ces personnes, tous ces nouveaux maîtres de chais consultent, se font conseiller, se forment aussi. Je pense ici à Katrien et Joris Dubois de la Luyck Winery qui ont suivi les cours d’œnologie à Tongres, et qui se font aider dans leur processus d’assemblages par une œnologue, Véronique Lidby pour ne pas la citer, française d’origine (mais vivant en Belgique depuis de longues années) formée à Bordeaux en œnologie et à Suze-la-Rousse pour la sommellerie, ils recourent aussi aux conseils avisés de Gianluca Di Taranto, premier sommelier de Belgique 2019-2020." Roberto Fernandez de Vintrépides et Ardent Winery, qui achète ses raisins en Alsace où il participe même aux vendanges, se fait lui conseiller par de jeunes vignerons belges qui possèdent des vignes du côté de Dalhem. Bref, ne s’invente pas maître de chai urbain qui veut ! Ce qui marque aussi dans cette nouvelle manière de faire du vin, c’est l’approche gastronomique (puisque les vins sont aussi conçus pour accompagner tel ou tel plat), mais aussi pédagogique voire touristique, puisque tous ces chais sont ouverts plusieurs fois par semaine et proposent à celles et ceux que cela intéresse (sur réservations) des visites assorties d’explications et de dégustations bien sûr !

Infos :

https ://gudule-winery.brussels/

https://luyck-urban-winery.be/fr

https://www.ardentwinery.be/

https://www.bergerie-acremont.be/

Et retrouvez tous les samedis 13h25 l’émission "Les ambassadeurs" sur La Une !

 

 

 

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