Mobilité

Un Oeil sur demain : “Midipile”, un exemple des nouveaux véhicules urbains qui vont révolutionner nos déplacements

© Adeline Percept

Par Adeline Percept avec Maurizio Sadutto via

Des roues 24 pouces comme sur un vélo, des panneaux photovoltaïques pour l'assistance électrique, et un habitacle dans lequel on est bien à l'abri… Embarquons à bord d'un véhicule urbain du futur, zéro émission.

C’est à Angoulême, dans le Sud-Ouest de la France, que Midipile a été développée et qu’elle passe maintenant en phase d’industrialisation. Ce n’est pas anodin : nous sommes dans une ville moyenne d’un peu plus de 42.000 habitants, surplombant le fleuve Charente et sa région rurale, où les habitants sont très dépendants de la voiture actuellement pour leurs déplacements. 

En cette journée d’été pluvieuse, les Angoumoisins peuvent venir tester le véhicule. On s’installe à bord, on met les pieds sur les pédales, et on attache la ceinture de sécurité. Midipile est à mi-chemin entre le vélo et la voiture. Vélo à assistance électrique, avec des batteries et des panneaux photovoltaïques sur le toit et à l’avant. Voiture, pour son côté abrité et sécurisé.

"Je suis surpris par la facilité à s'accommoder à ce nouveau type de conduite : on se sent tout de suite à l’aise", explique l’un des premiers conducteurs, qui a du mal à quitter son siège de pilote.

Sources d’énergie agrégées

Quelques coups de pédale, et l’on démarre, pour monter rapidement à 45km/h, la vitesse de croisière. On ne recharge pas ce véhicule sur une borne électrique. Les sources d’énergies sont agrégées : la force du pédalier, des panneaux photovoltaïques et des batteries qui peuvent être rechargées sur secteur classique comme pour un vélo électrique. 

"La prise en main est très simple, on est bien assis, on va assez vite en deux secondes", abonde Vincent You, directeur de l’hôpital de La Rochefoucauld, venu lui aussi tester le véhicule. "Ça se fait de manière très naturelle."

L’autonomie est de 150 kilomètres environ. La décélération permet d’ailleurs de recharger les batteries et de prolonger le temps d’utilisation. Pour son hôpital, Vincent You y voit une opportunité. Il a déjà commandé la Midipile. Il explique qu'à son échelle, décarboner, c'est d'abord s’attaquer aux courts trajets réalisés aujourd’hui systématiquement en voiture entre les différents bâtiments par le personnel.

Vincent You, directeur de l’hôpital de La Rochefoucauld.

"Nos services techniques vont et viennent entre cinq bâtiments dans un rayon d’un kilomètre et demi. Et ils font ça en voiture 15 fois par jour ! Avec ce type de véhicule propre, on ne perdra pas de temps et on n’émettra pas de carbone… Je pense que cela nous rendra assez fiers!"

L’établissement a aussi prévu de mettre le véhicule à disposition des personnels volontaires pour leurs trajets domicile-travail "car 55% de nos employés vivent à moins de 10 kilomètres de l’hôpital". Lors des essais, l’hôpital réalisera une étude pour savoir s’ils perdent du temps ou en gagnent, s’ils perdent ou gagnent en termes de confort et de bien-être. L’avantage par rapport au vélo cargo étant de rouler dans un habitacle de voiture, de piloter avec un tableau de bord complet ainsi que plusieurs modes d’autonomie, de marche avant et arrière. Le véhicule est d’ailleurs en ligne avec la réglementation des voitures sans permis.

Matériaux recyclables

Thermoplastique, fibre de lin : tous les matériaux qui composent Midipile sont pensés pour être recyclables. La fabrication aussi a été planifiée pour être la plus économe possible. "On a 6 à 10 fois moins de batterie que dans un véhicule électrique classique, ce qui permet aussi d’émettre 6 à 10 fois moins de CO2 comparé à la fabrication d’un véhicule électrique", explique Célian Lecomte, Ingénieur chez Midipile Mobility.

Le prix de vente d’un véhicule sera autour de 14.000 euros. C’est sensiblement plus cher qu’un vélo-cargo. Mais le peintre en bâtiment David Chapuzet fait le pari d’une économie de carburant et de temps de travail pour lui et ses équipes.

David Chapuzet, peintre en bâtiment.

"La Midipile va être plus facile à garer qu’un camion. Dans le centre-ville d’Angoulême, on passe souvent au moins un quart d’heure à trouver une place pour un camion. On n’aura pas ce quart d’heure de travail caché. Et ce quart d’heure pèse à la fin assez lourd sur une semaine, un mois etc…"

Ce peintre estime que Midipile avec ses 300 kg de charge à l’arrière est suffisante pour beaucoup de ses chantiers. "Une fois que l’on a apporté les échafaudages et le matériel le premier jour d’un gros chantier, on n’a plus besoin de camion pour déplacer un peintre et un pot de peinture", détaille-t-il. 

D’autres petits véhicules urbains zéro émission sont développés ailleurs en Europe. Des vélos totalement abrités comme PodRide, la voiture électrique en kit Luvly O, et des véhicules hydrogènes développés par beaucoup de grandes marques. 

Le défi aujourd’hui est de massifier la production de ces nouveaux outils de mobilité pour qu’ils soient accessibles au plus grand nombre d’ici quelques années.

Extrait du JT du 17/09/2023

Mobilité : La piste de la voiture décarbonée

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