Ce sont de petits robots connectés, que l’on peut programmer en quelques minutes et déplacer sur une ligne de production en un temps record : les “cobots” ou robots collaboratifs font leur apparition dans les petites et moyennes entreprises.
Les “cobots” se démocratisent
Filiale d’Air France-KLM, l’atelier de CRMA est spécialiste de la réparation de moteurs d’avion. Depuis plusieurs années, Erwan Guérin, le directeur de l’innovation, est convaincu de l’utilité et de la flexibilité des cobots, les robots collaboratifs : “Nous réparons des pièces qui sont usées, nous sommes entre l’industrie et l’artisanat”, explique-t-il dans un sourire. Car chaque pièce d’avion qui arrive dans cet atelier est unique par son usure et ce qu’il faut traiter. Ici, impossible d’automatiser une usine où des robots travailleraient à la chaîne. Le robot doit être au service du technicien, de l’ingénieur, de l’expert. Et en l’occurrence, il travaille avec lui.
Connecté à un logiciel en direct, un bras automatisé a par exemple été conçu pour mesurer une pièce difficilement accessible par le technicien. Pendant que le technicien fait des mesures dans les endroits faciles d’accès sur cette pièce, le cobot le remplace pour des mesures difficiles d’accès. Il agit comme un bras intelligent et peut collaborer dans le même espace de travail, en toute sécurité. “Le robot fait son opération en même temps que la personne qui travaille ici, reprend Erwan Guérin. Il a une sensibilité qui va lui permettre de détecter un contact avec quelqu’un et de ne pas le heurter. Et si jamais ça arrivait, s’il touchait quelqu’un, il s’arrêterait de lui-même.”
L’entreprise a pris l’habitude d’identifier les pertes de temps et de productivité ; puis elle place ces robots collaborateurs aux endroits stratégiques. Plus loin dans l’atelier, un autre cobot mesure l’épaisseur de pièces et indique si elles peuvent être réparées ou non. “Avant la mise en place de ce cobot," reprend Erwan Guérin, "il fallait attendre d’avoir réalisé la moitié du processus de réparation pour savoir si la pièce était réparable ou pas. Dans le cas où elle n’était pas réparable, tout le temps qu’on avait passé dessus était perdu.”
Ces collaborations ont été rendues possibles par une nouvelle façon de travailler au sein de l’entreprise, et de nouvelles technologies. Le département innovation, le “lab’CRMA” crée lui-même très rapidement, à l’aide d’une imprimante 3D, les extrémités des cobots. Ainsi, le bras robotique et connecté s’achète dans le commerce. Mais l’application et les instruments de mesure sont créés en interne.
Ne pas remplacer l’Humain
Dans de plus petites entreprises, les cobots se démocratisent, et c’est une révolution. L’entreprise Avosdim à Béthune, dans le Pas-de-Calais, fabrique des stores. Le tout petit cobot “Ned”, créé par Niryo – une start-up de la banlieue de Lille – dépose à la chaîne des étiquettes sur des barres de fer destinées à la fabrication de stores.
N’importe qui peut se servir de ce robot et automatiser certaines tâches.
À quelques milliers d’euros, l’entreprise a pu se permettre de l’acheter et d’automatiser une tâche répétitive et ennuyeuse pour ses ouvriers.
“C’est une solution qui est abordable, facile à prendre en main, n’importe qui peut se servir de ce robot et automatiser certaines tâches," explique Gaël Chèné, responsable qualité chez Avosdim. "Même si la tâche à laquelle on le dédie n’est pas la bonne, qu’on se rend compte qu’on s’est trompé, on va pouvoir le réaffecter à autre chose et le paramétrer très facilement sur une autre fonction.”
Car ce robot peut reproduire des gestes qu’on lui commande manuellement. Pas besoin d’apprendre à faire du code informatique pour le programmer. “On a conçu des robots petit format qui viennent pour automatiser tout type de tâche à faible valeur ajoutée pour l’entreprise," détaille Thibaud Mory, ingénieur commercial chez Niryo. "Plus concrètement, j’appuie sur un bouton, je mets le robot en position. J’appuie sur le deuxième bouton, je le mets dans la position numéro 2. Et là, il fait le geste tout seul. Le code se fait tout seul. C’est hyper simple. Le vrai enjeu, c’est que ce soit à la portée de n’importe qui.”
Selon ces entrepreneurs qui ont sauté le pas, les cobots doivent permettre de gagner en compétitivité, mais aussi en qualité de travail pour les employés. “Cela nous permet de centrer notre main-d’œuvre sur des opérations qualifiées", explique Erwan Guérin chez CRMA. "Notre main-d’œuvre qualifiée, nous lui faisons faire uniquement des opérations à haute valeur ajoutée. Et nous sous-traitons toutes ces opérations sans valeur ajoutée à des robots, qui eux, vont pouvoir réaliser ces opérations aussi bien et à des coûts moindres.” Les constructeurs de cobots parlent d’usine “5.0”. Une usine de demain, où les robots ne remplacent pas l’Homme mais bel et bien les tâches trop dangereuses ou trop répétitives pour lui.