Après 4 semaines de grève, les travailleurs restent déterminés à poursuivre le mouvement. Et ce, malgré la perte de salaire. Comment font-ils et font-elles pour tenir ? Qu'est ce qui les motive à continuer leur action ? Des travailleurs et travailleuses du Delhaize de Fragnée à Liège, rassemblés autour d'un piquet de grève devant leur magasin toujours fermé, se confient.
On vous met le truc sur la table et puis c’est au revoir, y a plus rien à voir.
Devant l'entrée du magasin bloquée par des caddies, Charlotte joue au ballon avec Elian, son fils de 2 ans. À 28 ans, elle travaille depuis 8 ans chez Delhaize "On a des enfants, on a des crédits, je tiens grâce à mon compagnon qui fait des heures pour subvenir au besoin de notre famille. Malgré ça, je continuerai jusqu'au bout, on s'est battu, il y a eu le covid, et le merci qu'on reçoit c'est d'être franchisé".
Patricia est caissière dans le même Delhaize, elle a près de 60 ans et 41 ans d'ancienneté :"je suis dégoutée, je suis en grève, je ne travaille pas une minute, vivre avec 40€ par jour ce n'est pas facile, mon mari a sa petite pension et je tiens avec mes économies".
40€ la journée, c'est environ 60€ de perdu
A 55 ans et 35 ans d'ancienneté, Yves ne se fait guère d'illusions pour son avenir. Il explique comment les travailleurs s'organisent pour tenir la grève sur la longueur "on est des "petits", on n'a pas 20 000€ sur notre compte en banque, on travaille certains jours et les autres on vient sur le piquet pour garder le magasin fermé".
Virginie est assistante au rayon fruits et légumes. Maman de deux enfants, elle ne peut pas se permettre non plus de faire grève tous les jours mais la perte sur salaire est inévitable "là je suis payée depuis 8 jours par le syndicat, 40€ la journée, c'est environ 60€ de perdu, au total ça me fait 300-400€ en moins par mois". Le portefeuille prend un coup, le moral aussi: "psychologiquement je suis très fatiguée, je suis épuisée, heureusement que les collègues sont là et on se soutien".