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Un important arrêt attendu mercredi sur le lien entre fonds européens et État de droit

© Getty Images

Par Belga

La Cour de Justice de l'Union européenne (CJUE) rendra mercredi matin, à Luxembourg, un arrêt fondamental sur la possibilité conférée récemment à l'UE de suspendre des fonds européens d'un État membre qui violerait les principes de l'État de droit.

La Pologne et la Hongrie, qui se sentent particulièrement visées vu les atteintes à l'État de droit qui leur sont reprochées depuis des années par les instances de l'Union, réclament l'annulation de ce nouveau "mécanisme de conditionnalité", tandis que les pays du Benelux, le couple franco-allemand, mais aussi le Danemark, l'Irlande, l'Espagne, la Finlande et la Suède interviennent en soutien de la Commission, du Parlement et du Conseil, afin de "protéger le budget de l'Union".

La Pologne et la Hongrie dans le viseur

Varsovie et Budapest ne partent pas gagnantes : il y a deux mois, l'avocat général a recommandé à la CJUE de rejeter leur recours, et les juges de Luxembourg suivent généralement ses conclusions. 

Pour les gouvernements nationalistes-conservateurs de Mateusz Morawiecki et de Viktor Orban, il n'y a pas de base juridique appropriée dans les traités, et le mécanisme de conditionnalité ne viserait qu'à contourner la procédure dite "article 7". Cette dernière, qui peut théoriquement aboutir à la suspension du droit de vote d'un État au Conseil, s'avère dans les faits inopérante en raison du soutien mutuel de Varsovie et Budapest, qui rend la nécessaire unanimité inatteignable. 

Les deux pays, qui contestent par ailleurs la primauté du droit européen sur le droit national, dénoncent aussi un excès des compétences de l'Union et une violation du principe de sécurité juridique. Ils avaient ferraillé contre ce mécanisme lors des négociations sur le nouveau budget pluriannuel de l'UE, le plan de relance post-Covid et son grand emprunt commun, que de nombreux pays ne veulent pas voir dévoyer.

Pour prix du compromis qui a débloqué la négociation, la Commission, instance chargée de déclencher cette procédure de conditionnalité, avait convenu avec le Conseil (États membres) d'attendre la décision de la CJUE avant de prendre des mesures, même si le règlement est en vigueur depuis le 1er janvier 2021. Ce qui a passablement irrité le Parlement européen, initiateur d'une procédure pour inaction contre la Commission. 

Toutefois, l'équipe Von der Leyen a commencé à constituer des dossiers et a envoyé, en novembre dernier, des courriers à la Pologne et la Hongrie. À la première, l'exécutif européen a demandé des explications sur les problèmes de manque d'indépendance de son système judiciaire et de remise en cause de la primauté du droit européen.

Côté hongrois, la Commission évoque des problèmes relatifs à la passation de marchés publics et des conflits d'intérêts. La Commission bloque par ailleurs la validation des plans de relance post-Covid des deux pays en raison de ces mêmes préoccupations liées à l'État de droit.

Une fois l'arrêt rendu, et s'il lui est favorable, la Commission devra encore présenter les lignes directrices du nouveau mécanisme. Preuve de son importance, le prononcé de l'arrêt sera, pour la première fois, retransmis en direct sur le site de la Cour, à partir de 9h30.

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