Et certains pays se montrent particulièrement friands, de ces notices… On pense à la Chine, à la Russie, aux Emirats arabes Unis, mais aussi la Biélorussie, qui se montrent particulièrement actifs dans le domaine des signalements policiers. En 2018, par exemple, selon un rapport du Sénat américain, 38% des notices rouges auraient été émises par le Kremlin.
Égypte, Iran, Venezuela, Azerbaïdjan ou encore Inde sont également amateurs des bases de données. Fortement consultés par les services d’États à tendance autoritaire ou dont la transparence en matière démocratique est à démontrer, ceux-ci lancent de nombreux mandats d’arrêts, visant in fine à l’arrestation et l’extradition d’individus. Individus qui seraient donc parfois aussi… Des opposants politiques.
C’est ainsi que comme le souligne Libération, des "garde-fous" ont été mis en place à Interpol, les états pouvant ainsi décider de restreindre la diffusion de leurs informations à certaines chancelleries. Et de rappeler que les pays membres gardent donc le pouvoir d’appliquer ou non les notices émises par d’autres pays (ainsi, par exemple, quand Minsk envoie une notice rouge visant un prétendu opposant politique, les autres états ne sont pas tenus de mener pour autant des recherches…).
Théoriquement, Interpol doit faire preuve de neutralité. Les textes interdisent à l’institution d’intervenir dans des crimes militaires, politiques, religieux ou raciaux, ainsi que sur des faits ne concernant qu’un pays membre.
C’est ainsi que l’organisation, issue de l’imagination de pères de la police scientifique, comme Alphonse Bertillon ou Edmond Locard – médecin légiste qui inventa le premier laboratoire de police scientifique au monde, au tout début du XXe siècle, a pu se hisser au rang des plus prestigieuses institutions mondiales.
Mais elle semble en danger, tributaire de pays qui, par le biais de financement et de manœuvres, tentent de l’utiliser afin de traquer leurs opposants à l’étranger…