"Je ne voulais pas faire un énième film sur la violence" : avec "Résolution", son premier long-métrage en salles jusqu'au 26 décembre à Abidjan, l’Ivoirienne Evelyne Juhen attend des actions concrètes contre les violences conjugales. Pour cela, la productrice et actrice principale de 29 ans veut susciter le débat public et se demander avec les spectateurs : "Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?".
Dans "Résolution", Evelyne Juhen interprète une directrice d’usine de cacao victime des crises de violence de son mari, procureur. Le film, tourné sur fonds propres puis financé en postproduction par Orange Studio France, dépeint le mécanisme d’emprise. Aux scènes de violences psychologiques, physiques et sexuelles, succèdent des excuses accompagnées de cadeaux et la promesse de ne plus recommencer.
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"Chaque séquence est tirée d’un fait réel, assure Evelyne Juhen, qui a rencontré des femmes victimes de violences conjugales pour construire le scénario. Si on avait mis toutes les histoires bout à bout, on aurait fait un film d’horreur ! Mais ce n’était pas le but, il fallait que le film soit accessible aux plus jeunes, notamment aux 10-12 ans, parce que c’est là que l’éducation sexuelle commence."
"Ce film est un message pour que les féminicides s’arrêtent", s’engage Bruno Henry, l’acteur français qui interprète le mari violent. "J’ai été un enfant battu, humilié, j’ai vu ma mère se faire battre, humilier par mon père, ma grande sœur subir l’inceste. Forcément, c’est une histoire qui m’a énormément touché", raconte l’acteur qui a travaillé son rôle en s’"appuyant sur son père". "Il suffit que je ferme les yeux et que je retourne dans mon enfance et il y a plein d’images qui reviennent", explique-t-il.