Sur ce graphique, vous voyez que la Communauté germanophone n’est pas mentionnée, mais ce n’est pas un oubli. Deborah Laschet, coordinatrice d’Europass et Erasmus Belgica pour la Communauté germanophone, explique : " Notre gouvernement n’a approuvé notre proposition de mise en œuvre d’Erasmus Belgica qu’en 2016. C’est la raison pour laquelle les mobilités intra-belges n’ont eu lieu que depuis lors. "
Étant donné qu’il n’existe qu’un seul établissement d’enseignement supérieur en Communauté germanophone, peu d’étudiants s’inscrivent au programme d’échange : " En 2016/2017, deux stages dans le domaine de la santé ont lieu dans le cadre d’Erasmus Belgica : un à l’UCLeuven et un autre à l’hôpital Erasme à Bruxelles. De 2017 à 2019, aucun programme de mobilité n’a eu lieu même si nous avons reçu des demandes. "
Bourses moins attrayantes
Comment expliquer ce manque de popularité ? " Ça n’a pas autant de succès que ça devrait. La concurrence avec l’Erasmus à l’étranger joue un rôle important. Surtout que les bourses sont plus élevées via le programme classique ", explique-t-on du côté de l’AEF-Europe.
Si un.e étudiant.e wallonne souhaite partir étudier en Flandre, il/elle recevrait en moyenne un peu plus de 80 euros par mois, alors que les montants peuvent s’élever à plusieurs centaines d’euros mensuels en fonction des pays européens.
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Olivia Capot, diététicienne wallonne qui a étudié 5 mois à Louvain lors d’un échange, pointe une autre difficulté : " Il y a de moins en moins de francophones qui parlent le néerlandais après leur études secondaires. Il est rare de voir des étudiants sans aucune notion dans la langue de Vondel passer la frontière linguistique. Il faut un certain bagage en néerlandais ou un talent pour les langues. "
Multiples atouts
Malgré les prises de risque, les retombées personnelles et professionnelles sont nombreuses, selon Olivia Capot, qui accompagne désormais les étudiants dans leur programme Erasmus (Belgica) pour la Haute-Ecole Leonard De Vinci. " J’ai découvert plein de choses : j’ai appris à m’ouvrir aux autres et à découvrir d’autres cultures. J’ai aussi perfectionné mon néerlandais : mes connaissances passives ont été activées. "
Son expérience à Louvain lui a même permis de décrocher son premier emploi : " Grâce à ma connaissance du néerlandais, j’ai même pu trouver un emploi avant la fin de mes études ", ajoute la diététicienne. " Mon expérience m’a également permis de me développer mon réseau en Flandre, un véritable atout. "
Bart Van Loo est quant à lui convaincu de l’utilité de promouvoir ces échanges belgo-belges : " Peu d’étudiants tentent l’aventure de l’Erasmus car la distance s’avère être un frein. Pour eux, un séjour de l’autre côté de la frontière linguistique pourrait les rassurer : ils pourraient revoir leur famille/leurs amis en quelques heures de train. "
Modèle à promouvoir autrement
La boucle est bouclée pour Olivia Capot : au départ étudiante Erasmus Belgica, elle est devenue coordinatrice du programme Erasmus (Belgica) dans la Haute-École où elle a fait ses études. Par son expérience sur le terrain, elle trouve aussi que les programmes Erasmus Belgica ne sont pas assez placés sous les feux des projecteurs : " Il faudrait entendre plus de témoignages d’étudiants qui ont traversé la frontière linguistique. "
La Nivelloise propose également d’établir un système de parrainage/marrainage avant de décider s’ils veulent tenter l’expérience. Selon elle, il faut surtout prendre le temps pour préparer les étudiants à partir : " On leur demande de décider rapidement, alors qu’il faut laisser mûrir un projet : on devrait déjà en parler en bac1. "
Pour Bart Van Loo, il ne faut pas limiter les échanges entre communautés de Belgique à l’enseignement supérieur : " Il faut notamment élargir le programme dans les écoles techniques et professionnelles. "
Pour renforcer la promotion de ce programme de mobilité belgo-belge, l’écrivain propose aussi d’en changer son nom : " Oubliez " Erasmus Belgica ", parlez par exemple plutôt de Philippe Le Bon, unificateur des Plats-pays, le berceau de la Belgique et des Pays-Bas ! Au lieu de dire " J’ai fait mon Erasmus à Salamanque ", les étudiants diraient " J’ai fait mon Philippe le Bon à Anvers.”"