A la Renaissance, une nouvelle mode s’empare des salons aisés d’Europe. Pour symboliser leur érudition et leur fortune, nobles et bourgeois s’empressent d’acquérir des collections d’objets divers, souvent en provenance de lieux que la colonisation découvre à peine. C’est la naissance des "cabinets de curiosités". Simples meubles ou pièces entières, ces cabinets rassemblent des collections hétéroclites, pas toujours cohérentes. Les propriétaires y cultivent un goût pour l’étrange, le merveilleux, l’insolite. On y trouve tant des coquillages que des statuettes, des animaux empaillés que des armes, des tableaux, des restes humains, des plantes, des artefacts antiques, des insectes épinglés ou des objets censés être "magiques".
Mais tout ce fouillis est plus organisé qu’il n’y paraît. Ainsi, un cabinet est rangé selon différents "domaines" : les Naturalia qui rassemblent tout ce qui à trait au minéral, animal ou végétal, les Artificialia pour tout ce qui est de confection humaine, les Scientificalia pour les instruments scientifiques, et les Exotica, catégorie imprégnée d’un imaginaire colonial qui réunit tous les objets, humains ou naturels, provenant d’autres continents.
Parmi les cabinets les plus courus, citons celui dit "du Roi", à Paris, créé par Louis XIII et agrémenté, quelques décennies plus tard, par le célèbre naturaliste Buffon, en personne. Situées aux Jardins du Luxembourg, ses collections formeront, bien plus tard, le Muséum d’Histoire naturelle de Paris.