Chroniques

Un Codeco pour annuler la Saint-Nicolas de Bart De Wever, le nucléaire... Un problème de méthode au 16, rue de la Loi ?

© MARTIN GODFROID

Joyeuse Saint-Nicolas !

 

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Très jolies harmonies, vous ne trouvez pas ? Elles sont signées Samson&Gert, Piet Piraat, les K3, Kabouter Plop, les superstars flamandes de Studio 100, qui devaient accueillir ce week-end des milliers d’enfants pour le Grote Sinterklaasshow au Sportpaleis d’Anvers. Événement finalement annulé après le Codeco de vendredi. Et ce qui n’était qu’un bruit de couloir vendredi est devenu, ce lundi, une information confirmée par le vice-Premier ministre Ecolo Georges Gilkinet dans les colonnes du Soir : le comité de concertation de vendredi n’a servi qu’à faire endosser, par le Codeco, la décision d’annuler ce spectacle, annulation que ne voulait pas assumer seul le bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever.

Et donc on peut se poser la question : y a-t-il problème au 16, après un Codeco aux décisions sans queue, ni tête, totalement incompréhensible malgré la meilleure volonté du monde ?

Georges Gilkinet parle de "loyauté fédérale", mais Alexander De Croo a-t-il eu raison d’accepter de payer ce prix, pour au final, risquer de perdre même les plus enclins à faire confiance au gouvernement ?

Au final, on a donc un comité de concertation à la préparation bâclée, sur 24 heures, qui survient une semaine après un autre Codeco. On se souvient l’an dernier des tonnes de critiques subies par Sophie Wilmès, après le Codeco du 23 septembre 2020, qui avait relâché certaines mesures.

Cette année, pourtant, Alexander De Croo semble passer entre les gouttes, alors que le ou la locataire du 16 rue de loi programme ces Codeco, rédige les textes qui sont discutés, incarne véritablement les décisions et est responsable de leur compréhension.

Dossiers en souffrance

L’autre gros dossier en attente, c’est le nucléaire. Que chaque camp fourbisse ses armes, les libéraux francophones en faveur d’une prolongation de deux réacteurs, les écolos pour la fermeture complète dès 2025, c’est assez normal, c’est attendu.

Mais avant même que le Codeco ne soit convoqué en urgence, la semaine dernière, on entendait déjà que le dossier nucléaire ne serait pas réglé dans l’immédiat. De quoi donc laisser la possibilité pour les antagonismes de s’exprimer, encore et encore. Pourtant, la note politique de la ministre de l’Energie est complète.

Il y a une étude de l’université de Gand sur les prix, une confirmation de cette étude par la GREG, le gendarme nucléaire, avec aussi une analyse sur la compétitivité du marché de l’électricité. Il y a, au total, cinq rapports d’évaluations, huit notes supplémentaires. Et la note politique de la ministre.

Le gouvernement a toutes les données pour décider, dans un sens ou dans l’autre. C’est véritablement le moment de la décision politique. Et pourtant, la discussion est remise, on l’attend mi-décembre. On a du mal à comprendre pourquoi, mais c’est la méthode De Croo.

Tiens, vous vous souvenez de la taxe sur les billets d’avion ? La décision date d’octobre, mais il n’y a toujours pas d’avancée dans ce dossier, on ne sait pas quels vols seront concernés, quel coût représentera cette taxe, censée entrer en vigueur en 2022. C’est un dossier qui traîne au CD&V et chez Ecolo, mais ça fait désordre. Même chose pour le dossier des pensions, censé revenir lui aussi, mais qui attend en coulisse.

Vous vous souvenez certainement du psychodrame de l’obligation vaccinale, un comité ministériel restreint qui se réunit pendant 13 heures, après une prise de parole très dure de la part de Paul Magnette, qui a décidé d’être très, peut-être trop, agressif envers celui avec lequel il a rédigé l’accord de gouvernement Vivaldi.

En face, on a donc un Alexander De Croo qui ne veut pas rentrer dans l’arène, qui, lundi dernier à ce micro, préfère lister les avancées socialistes de ce gouvernement au lieu de répondre aux critiques du président du PS. Un Premier ministre qui explique qu’autour de la table du gouvernement, il n’y a pas de critiques sur la méthode.

Enfin, ça, c’était lundi. Parce que le kern de jeudi soir a été compliqué, et certains, certaines Vice-Premières ministres ont exprimé certaines interrogations. Et c’est ça l’élément le plus inquiétant pour Alexander De Croo : les critiques n’émanent pas que du parti socialiste. De façon feutrée, Georges Gilkiniet aussi, et publiquement dans Le Soir, s’interroge, estime "qu’on ne peut travailler comme on l’a fait, dans des délais trop court", il fait référence ici au Codeco.

Il y a de réelles interrogations à avoir sur la façon dont ce gouvernement fonctionne, et une inquiétude légitime : après trois Codeco en novembre 2020, Alexander De Croo vient d’en convoquer trois en trois semaines. Ce mois de décembre est décisif pour le Premier ministre : il lui faudra obtenir des décisions claires et incarner un leadership fort. Histoire de rappeler qui est le patron.

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