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Un Belge, nouvel astronaute européen ? "La Belgique doit avoir des ambitions" pour le secrétaire d’Etat Thomas Dermine (PS)

L'invité: Thomas Dermine, secrétaire d'Etat en charge de la politique spatiale

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"On est peut-être un petit pays sur Terre, mais un grand pays dans l’espace". Cette déclaration est signée Thomas Dermine, le secrétaire d’État fédéral en charge de la politique spatiale (PS). Il est actuellement à Paris, où il participe au conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA). Et l’enjeu de ce conseil est de taille pour la Belgique, dans le contexte d’une nouvelle poussée que le monde spatial projette de réaliser dans l’espace, avec la Lune et Mars en ligne de mire. Le secrétaire d’Etat était l’invité de Thomas Gadisseux et de François Heureux.

Il y a 22 pays qui contribuent à l’ESA. Leurs ministres sont réunis en ce moment à Paris. Une des questions à trancher est celle des futurs astronautes missionnés par l’ESA. Au total, 4 à 6 astronautes de carrière sont sélectionnés aujourd’hui et jusqu’à 20 autres supplémentaires, de réserve. 22.000 personnes avaient postulé. Les chances pour qu’un Belge soit figure parmi les heureux élus sont " réelles ", pour Thomas Dermine : "C’est la fin d’un processus très long. Et très rare, car cela fait 13 ans, depuis la génération de Thomas Pesquet, que nous n’avions plus recrutés de nouveaux astronautes". Et la possibilité de voir un Belge en bout de course est donc envisageable. Et Thomas Dermine d’expliquer que notre pays est le cinquième contributeur en valeur absolue à l’ESA (agence spatiale européenne).

Sujet JT du 12 avril 2021

Astronautes: l agence spatiale européenne recrute

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"On est écouté"

L’ESA tient d’habitude à récompenser ces principaux contributeurs. Et après Dirk Frimout il y a 30 ans et Franck De Winne dans les années 2000, un de nos compatriotes figurait encore récemment dans les toutes dernières étapes de recrutement.

La Belgique est un grand pays. C’est légitime pour elle d’avoir un astronaute.

"Ce serait légitime pour la Belgique" a déclaré Thomas Dermine, qui souligne néanmoins que le choix se base surtout sur les qualités du postulant à l’espace. " La Belgique est un des membres fondateurs de l’ESA " et l’expertise est forte dans le domaine (le secteur génère plus de 10.000 emplois dans le pays et l’industrie spatiale est importante). "On est écouté. On a une vraie force à la table européenne. La Belgique doit avoir des ambitions" insiste le secrétaire d’Etat.

Une décision où la politique joue un rôle important cependant. "Vous allez voir que la France et l’Allemagne en auront un certainement". "On a joué toutes nos chances d’un point de vue politique" explique celui qui a passé la nuit à négocier des budgets avec Franck De Winne. "On sera peut-être déçu cette après-midi mais en tout cas on aura essayé. Il vaut mieux, dans ce genre de compétition, avoir des remords que des regrets". Suspens, donc.

L'invitée dans l'actu: Sarah BAATOUT, aspirante astronaute et cheffe de laboratoire au CSK CEN

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"Perspectives fascinantes"

La contribution nette belge à l’ESA passera, elle, dès l’année prochaine, de 250 à 305 millions d’euros. Une somme nécessaire pour ancrer la présence de notre plat pays dans "à la veille d’une nouvelle conquête de l’espace" explique-t-il. Les dix prochaines années marqueront un retour vers la Lune, qui servira de base pour explorer Mars. "Des perspectives fascinantes" se réjouit Thomas Dermine, qui parle aussi de l’espace comme un outil pour lutter contre réchauffement climatique. Grâce aux satellites et aux travaux scientifiques pouvant être menés depuis le ciel pour mieux comprendre les phénomènes qui affectent et affecteront la planète.

On doit pouvoir affirmer que l’Europe devient une puissance spatiale

Pour lui, l’Europe doit continuer à se positionner dans le domaine spatial – où les Etats-Unis sont en pointe, et d’autres pays, comme l’Inde ou la Chine, rentrent également avec fracas -.

"Virage"

Le secteur privé européen intervient aussi fortement dans le secteur spatial. Un secteur qui est, cependant, "sous contractant du secteur public" souligne le socialiste. "Il faut collaborer avec le secteur privé. Mais il y a des questions sur lesquelles le secteur public restera fondamental". Par exemple la gestion du trafic et des déchets dans l’espace. L’Europe spatiale pour le moment, ne dépend plus des lanceurs russes Soyouz. Suite à la guerre en Ukraine, l’ESA a stoppé toute collaboration avec Moscou et sa base de Baïkonour. "L’Europe est à un virage", affirme Thomas Dermine. "On doit pouvoir affirmer que l’Europe devient une puissance spatiale". Notamment grâce à de nouveaux lanceurs installés à Kourou, en Guyane française. "Et à terme, la capacité d’envoyer nous-mêmes des humains dans l’espace" (sans passer par des véhicules américains).

Retombées sur le sol belge

230.000 personnes en Europe travaillent pour le secteur spatial. Chez nous, on estime que dans l’industrie spatiale en Belgique, il y aurait environ 10.000 employés (de manière directe ou indirecte). Un secteur porteur, souligne le secrétaire d’Etat. Puisque, selon lui, un europublic engagé permet une retombée de 3 euros via des commandes privées.

"On est un des pays qui a la base industrielle et la base scientifique la plus diversifiée". Instruments de mesure, conception de satellites… Un savoir -faire indéniable et reconnu.

De plus, le secteur spatial en Belgique sera encore renforcé à Redu (Transinne) explique le secrétaire d’Etat. Un tout nouveau "centre de cybersécurité européen" sera construit et piloté depuis Redu. Ainsi que l’autre mission principale du centre situé en province de Luxembourg, à savoir l’éducation scientifique.

 

Reportage à Transinne de septembre 2020 :

Euro Space Center : on redécolle

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Polémiques qataries…

Tout autre chose, pour ce qui concerne la vive polémique concernant les brassards actuellement en cours à la Coupe du Monde du Qatar, le ministre pousse à une attitude plus franche de la part de la Belgique.

A titre personnel, je serai extrêmement fier – et même peut-être plus fier que s’ils gagnaient la Coupe du monde – si nos Diables Rouges portaient aujourd’hui un symbole que l’amour est la valeur la plus forte et qu’on a le droit d’aimer qui on choisit

Notamment ce soir, où un geste des Diables Rouges (à savoir porter bel et bien le brassard " One love ", promouvant l’égalité), serait le bienvenu. "Je ne comprends pas que d’un côté on envoie notre ministre des affaires étrangères avec le mandat de donner un message fort et clair sur les droits sociaux, sur les droits humains. Et notamment le fait de pouvoir aimer qui on veut. Et d’un autre côté, on interdirait à notre capitaine de porter un brassard. A un moment, il faut clairement dure " stop ". La Belgique a toujours été en pointe sur ces sujets. Elle a toujours été progressiste". Et de conclure : "à titre personnel, je serai extrêmement fier – et même peut-être plus fier que s’ils gagnaient la Coupe du monde – si nos Diables Rouges portaient aujourd’hui un symbole que l’amour est la valeur la plus forte et qu’on a le droit d’aimer qui on choisit".

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