Nous avons soumis ces éléments d’enquête à l’Agence fédérale de contrôle du nucléaire (AFCN) qui surveille ce site. Son directeur général, Frank Hardeman, était persuadé que la situation était totalement sous contrôle. Il semble surpris : "Je pensais que la clôture contenait les hotspots. S’il y en a à l’extérieur, il faut regarder sur place. Ça m’étonne qu’on retrouve un tel échantillon. Je vais en discuter avec mes experts interne ".
10 jours après cette rencontre, l’AFCN va inspecter les lieux et faire le tour complet de la décharge D1. Là où nous avions identifié un seul hotspot sur le domaine public, l’Agence va en identifier 3 avec des valeurs oscillant entre 1 et 4 microsieverts/h. Voici leur cartographie.
Un prélèvement de sol aura également lieu mais pas à la même place que le nôtre. Celui-ci sera fait 50 mètres plus loin. À cet endroit, le débit de dose était de 0,5 microsievert/h. Cette valeur est presque 10 fois plus basse que celle mesurée par nos soins à un mètre du sol. Inutile de vous dire que le rapport d’analyses du gendarme du nucléaire sera plus que rassurant. 66 Bq/Kg de Radium 226, soit un résultat 337 fois inférieur au nôtre.
Sur base de ce contrôle de terrain, l’AFCN laissera le site en l’état : "Le risque de contamination est proportionnel à la durée d’exposition et dépend du type d’activité. : il reste donc limité en cas d’exposition sporadique et compte tenu des activités exercées dans l’environnement immédiat du D1 – Activités (promenade) qui ne génèrent pas de suspension significative de poussière {...} Il n’y a actuellement aucun danger pour la santé publique".
Cette interprétation n’est pas du tout partagée par le docteur en Physique nucléaire de l’ACRO, David Boilley : "Il n’y a pas d’information pour les riverains. Il n’y a pas de caméra de surveillance. Juste une simple clôture. Ce n’est pas une situation acceptable pour des déchets radioactifs. Cette terre devrait être placée en décharge ".
Aujourd’hui, un sol contaminé à plus de 20.000 Bq/kg se trouve donc toujours dans l’espace public à Olen. C’est 20 fois au-dessus des normes d’exemption européennes qui, de nouveau, ne semblent pas s’appliquer car la décharge D1 n’est plus en exploitation. Tout comme pour la rivière Molse Nete fortement polluée, l’AFCN a décidé de ne prendre aucune mesure jugeant le risque actuel acceptable.
Peut-être, est-il temps de se poser la question autrement : "Et si mon propre enfant poignait par hasard dans cette terre contaminée au radium, en accepterais-je le risque… même sporadique ?". C’est finalement pouvoir se mettre à la place des populations que l’AFCN est censée protéger. Aujourd’hui, ces riverains ignorent tout de cette décharge car l’information sur place fait cruellement défaut.
A terme, l’Agence reconnaît qu’un assainissement sera nécessaire. Mais, on en parle depuis l’an 2000. 20 ans pendant lesquels la contamination n’a pas attendu les décideurs pour sortir du site en plusieurs endroits. Le 23 janvier 2020, Umicore s’est vue remettre par la Bourse de Bruxelles le prix de l’entreprise durable de la décennie. Triste ironie du sort.
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