Guerre en Ukraine

Ukrainiens de Belgique: entre peur et colère

Nataliya Chepurenko : pianiste ukrainienne installée en Belgique

© RTBF

Par Thierry Vangulick

Les Ukrainiens qui vivent en Belgique, sont évidemment très inquiets et révoltés par l'agression russe contre leur pays d'origine. Nous avons recueilli ce matin plusieurs témoignages. Et ils vont tous dans le même sens : la peur et l’incompréhension.

Notre dernier espoir, c'est l'Otan 

Nataliya Chepurenko est professeur de piano, installée depuis longtemps en Belgique. Sa famille est en Belgique mais elle a toujours des amis en Ukraine et communique avec eux via Facebook. Et c’est d’ailleurs par ce canal qu’elle a appris ce matin l’attaque ses forces russes. " Je ne trouve pas les mots, j’ai beaucoup pleuré. Je suis triste, c’est n’importe quoi ! Heureusement pour moi, ma famille est ici en Belgique. Et je suis amie avec une famille qui a 3 enfants et qui a pu quitter l’Ukraine, il ; y a une semaine à peine. Mais j’ai encore des amis là-bas. Mais on se demande si c’est la solution de fuir le pays. Que va-t-il se passer pour nous et pour vous aussi ! "

Et quels sont vos sentiments par rapport à la Russie ? " Quand notre pays est devenu indépendant en 1991, les Russes n’y ont pas cru ! Ils croyaient que nous reviendrions en les suppliant de pouvoir à nouveau faire partie de la Grande Russie. Mais ça ne se fait pas comme ça ! Et nous avons plutôt bien réussi. Du moins jusqu’en 2014 et la crise avec la Russie. On était presque autonome. Et cela, ils ne l’ont jamais accepté.  Aujourd’hui notre seul espoir, c’est que l’Otan et l’Europe nous viennent enfin en aide. Je n’y crois pas totalement mais je l’espère "

La douche froid

Lara Kotlar : Ukrainienne d’origine et de coeur
Lara Kotlar : Ukrainienne d’origine et de coeur © rtbf

Lara Kotlar est d’origine ukrainienne et a encore de la famille là-bas, dans la province de Poltava. Depuis plusieurs jours elle suivait la situation avec inquiétude et ce matin : " la douche froide ! Apprendre que son pays d’origine est attaqué et bombardé et qu’il y a déjà des victimes, c’est choquant et ça fait peur.  Jusqu’ici, on ne parlait que de combats dans les provinces séparatistes mais maintenant, il y a des frappes aériennes sur Kiev qui n’est pas séparatiste, on peut craindre le pire. On se demande où on va ! Et ce qui lui fait le plus peur, c’est la différence entre le discours de Poutine qui dit vouloir privilégier la voie diplomatique et le fait qu’il n’avait pas fini son discours que les troupes russes pénétraient en Ukraine ! Je ne sais pas où on va… J’étais fière de savoir que mon pays était devenu indépendant en 1991 de façon totalement pacifique et là aujourd’hui, je suis vraiment atterrée de ce qui se passe !

On ne pensait pas qu'ils iraient jusque-là 

Okasanna Musychuk : étudiante
Okasanna Musychuk : étudiante © rtbf

Oksanna Muzychuk est étudiante en Droits humains à la Faculté Saint-Louis à Bruxelles. En découvrant la situation de son pays ce matin, elle a été horrifiée : " C’est la panique, c’est l’angoisse.  Je sui rentrée d’Ukraine avant-hier en laissant ma famille là-bas. Mon père et ma tante et une cousine avec ses deux bébés. Déjà il y aune semaine, j’avais prévu de revenir parce que la situation était de plus en plus tendue. Finalement quand Poutine a annoncé qu’il allait retirer ses troupes, j’ai décidé de rester mais quand finalement il a annoncé qu’il allait envahir l’Ukraine, mon père m’a mis dans un train mais eux sont restés là-bas. Je l’ai eu au téléphone ce matin. Ils étaient tous sous le choc parce qu’ils pensaient que les combats seraient limités à la région du Donbatz comme c’est le cas depuis 8 ans. Ils en pensaient que les Russes iraient jusque-là. Ils n’étaient pas du tout préparés. Ils n’arrivent plus à retirer de l’argent. Il y a des embouteillages partout sur les routes. Il n’y a plus rien qui circule et d’après ce que j’en sais, les frontières sont fermées. Nous sommes 45 millions d’habitants et c’est impossible de sortir de là-bas. Tous nos espoirs reposent sur l’Union européenne et sur la population russe. Je veux croire en leur clairvoyance même si à cause la propagande de Poutine c’est difficile. J’espère que les Russes sortiront dans les rues pour protéger leurs frères et leurs sœurs comme ils nous appellent depuis toujours. "   

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