Les tensions ne cessent leur escalade à la frontière entre l’Ukraine et la Russie, où l’armée russe continue de s’amasser. Selon les services de renseignements occidentaux, la présence des troupes russes se chiffrerait à 100.000 hommes.
Un match diplomatique est engagé entre les différentes parties, les Etats-Unis, l’OTAN, la fédération de Russie et dans une moindre mesure l’Union européenne. Dans ce cadre, les Russes ont transmis aux Américains une liste de huit conditions pour envisager une désescalade. Dans ce document, la Russie demande aux Etats-Unis de ne pas permettre à l’Ukraine ou à la Géorgie d’intégrer l’OTAN mais aussi de ne pas se déployer dans les pays de l’ex-bloc soviétique.
"Nous sommes prêts à discuter", ont rétorqué les Etats-Unis même si "les documents comprennent certaines choses que les Russes savent inacceptables". La messe est dite, les revendications de la Russie sont irréalistes. "C’est quand même relativement extravagant, si l’on regarde ce qu’ils demandent", commente Nina Bachkatov, journaliste et politologue spécialiste de la Russie. "Je crois que n’importe quel Russe, même un peu illuminé ne peut pas imaginer un seul instant que l’OTAN va aller aussi loin dans les garanties qu’elle peut donner", ajoute l’experte. Dès lors, comment interpréter cette proposition de traité ?
Pas une simple provocation
Transmettre une liste de conditions tout en sachant que l’autre partie n’accédera véritablement qu’à une version très édulcorée de ces demandes, c’est "une technique de négociation qui consiste à élever le niveau des demandes pour pouvoir alors revenir à quelque chose de plus réaliste. Et cette version plus réaliste, c’est précisément ce que la Russie voulait depuis le départ, c’est-à-dire d’arrêter l’élargissement du nombre de membres dans l’OTAN et de limiter le nombre de base militaire américaine ou de l’OTAN trop proches des frontières de la Russie", analyse Nina Bachkatov. Ces garanties sécuritaires font donc partie à part entière de la stratégie du Kremlin pour faire avancer son agenda géopolitique, et il faut le comprendre en tant que tel.