Tout le convoi est "de retour", a dit par téléphone à l'AFP Paul Picard, le chef de la mission d'observation de l'OSCE au poste frontière russo-ukrainien connu sous le nom de Donetsk.
"Nous avons compté 220 véhicules qui sont revenus aujourd'hui" (samedi), accompagnés par sept véhicules de soutien rentrés immédiatement vendredi, a précisé Paul Picard. Les derniers camions sont passés vers 10H00 GMT.
Après une semaine d'attente, la Russie avait fait entrer en Ukraine vendredi ses camions chargés selon Moscou de 1800 tonnes d'aide humanitaire, sans autorisation ukrainienne ou vérification par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les observateurs de l'OSCE n'avaient compté que 227 véhicules ayant traversé la frontière en six groupes, selon un communiqué publié vendredi, alors que la Russie avait annoncé un convoi de 280 camions.
Les camions ont déchargé leurs cargaisons vendredi soir à Lougansk, dans l'est de l'Ukraine, selon la télévision d'Etat russe.
Barack Obama et Angela Merkel avaient mis la Russie en garde
Dans un communiqué de la Maison Blanche, le président américain et la chancelière allemande ont affirmé qu'il était "impératif" que le convoi quitte le territoire ukrainien, estimant que l'envoi de cette colonne de camions sans le feu vert de Kiev constituait une "provocation supplémentaire et une violation de la souveraineté de l'Ukraine et de l'intégrité de son territoire".
A leurs yeux, la Russie devait "accepter les conditions qui avaient été déterminées avec l'Ukraine et la Croix Rouge internationale" en matière d'assistance humanitaire pour l'Ukraine.
Les deux dirigeants ont aussi exprimé leur "inquiétude" face au nombre important de soldats russes stationnés près de la frontière avec l'Ukraine, face à la présence de personnel militaire russe en Ukraine et face aux tirs de l'artillerie russe sur le territoire ukrainien.
Autant d'éléments qui "représentent une dangereuse escalade", sont convenus Barack Obama et Angela Merkel, insistant sur "l'importance d'un cessez-le-feu bilatéral accompagné d'une fermeture de la frontière et d'un contrôle effectif de la frontière" russo-ukrainienne.
Une "invasion" selon Kiev
"Il s'agit d'une invasion directe", avait réagi vendredi le chef des services de sécurité ukrainiens Valentin Nalivaïtchenko à l'entrée du convoi, en promettant cependant que l'aviation ne bombarderait pas le convoi russe. "Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que cela n'ait pas de conséquences plus graves", assurait le président ukrainien Petro Porochenko.
Kiev a dit craindre que ce convoi, qui se déplace en territoire rebelle en proie à des combats intenses, ne fasse l'objet d'une "provocation" qui pourrait servir de prétexte à une intervention militaire russe.
Vives condamnations en Occident
L'Otan a dénoncé "une violation flagrante" par la Russie de ses engagements internationaux et de la "souveraineté" de l'Ukraine. Le Pentagone a exigé que Moscou retire "immédiatement" son convoi humanitaire sous peine de nouvelles sanctions.
L'envoi de ces camions "constitue une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine par la Russie", a déclaré le contre-amiral John Kirby, le porte-parole du Pentagone.
L'Union européenne a quant à elle "déploré" la décision de Moscou.
Le président russe Vladimir Poutine, avait justifié l'entrée des camions qui étaient restés pendant une semaine à la frontière ukrainienne en affirmant que tout nouveau retard du convoi aurait été "inacceptable".
Des 'véhicules vides' selon Kiev
Les autorités de Lougansk ont à plusieurs reprises dénoncé une situation humanitaire "critique", la ville étant sans eau courante, sans électricité et sans réseau téléphonique depuis bientôt trois semaines.
Alors que Moscou affirme que ses camions transportent 1800 tonnes d'aide humanitaire, les autorités ukrainiennes, dont les gardes-frontières n'ont pu inspecter que 34 des 300 véhicules, évoquent, elles, des "véhicules vides".
"Dans un des (camions) KamAZ qui peut transporter 25 tonnes, nous avons trouvé 800 kilogrammes de thé. Les 33 autres camions étaient chargés au maximum de huit tonnes" d'aide, a assuré le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk.
La Croix-Rouge, qui devait se charger de la distribution de l'aide à Lougansk, n'a finalement pas accompagné le convoi, disant ne pas disposer de garanties suffisantes concernant sa sécurité.
Avec agences