"De tels actes ressemblent à du chantage", a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse à Bagdad, cité par dans des propos traduits du russe à l'arabe.
Les Etats-Unis ont interdit de visas environ 20 hauts cadres officiels ukrainiens qu'ils accusent d'être responsables de la répression meurtrière des manifestations de mardi à Kiev, a indiqué mercredi un diplomate américain.
Le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a affirmé que les Etats-Unis étaient "scandalisés par les images de forces de l'ordre ukrainiennes en train de tirer à l'arme automatique contre leurs concitoyens".
"Nous exhortons le président Ianoukovitch à retirer immédiatement ses forces de sécurité du centre-ville de Kiev et à respecter les droits à manifester pacifiquement, et nous appelons les manifestants à s'exprimer pacifiquement", a ajouté M. Carney dans un communiqué.
Le porte-parole a aussi demandé à l'armée ukrainienne "de ne pas s'impliquer dans un conflit qui pourrait être résolu par des moyens politiques" et répété que "le recours à la force ne résoudra pas la crise".
Dans la continuité de ses déclarations depuis la reprise des violences en Ukraine, la présidence américaine a également affirmé que "les Etats-Unis oeuvreront avec nos alliés européens à faire rendre des comptes aux responsables des violences, et à remettre une Ukraine unie et indépendante sur le chemin d'un avenir meilleur."
Feuille de route ?
Derrière les condamnations, les premiers signes d'une activité diplomatique intense se font jour. Les ministres des Affaires étrangères allemand, français et polonais négocient "une feuille de route" pour une sortie de crise pacifique avec le président ukrainien Viktor Ianoukovitch, ont indiqué jeudi des sources diplomatiques allemandes. "Des projets de feuille de route" qui pourraient contribuer à une sortie de crise pacifiques ont été discutés entre les trois ministres, présents à Kiev, et M. Ianoukovitch, durant un entretien de quatre heures, selon ces mêmes sources.
Après leur entretien avec M. Ianoukovitch, les trois ministres ont entamé des discussions avec les chefs de file de l'opposition ukrainienne. Ces trois ministres, Frank-Walter Steinmeier, Laurent Fabius et Radoslaw Sikorski, qui devaient rentrer à Bruxelles en début d'après-midi pour participer à une réunion d'urgence sur l'Ukraine avec leurs homologues de l'UE, ont finalement décidé de prolonger leurs entretiens à Kiev jusqu'à vendredi.
Selon une source diplomatique française, les trois ministres sont partis à Kiev avec "quelques idées" pour tenter de "porter un coup d'arrêt" aux violences: commencer une vraie négociation, réviser la Constitution dans un sens plus démocratique et organiser des élections anticipées.
Sur cette base, "une forme de médiation se met en place", a affirmé cette source.
L'Union européenne étudie de son côté jeudi un embargo sur les armes et le matériel au service de la répression, en plus de sanctions ciblées contre les responsables des violences en Ukraine.
Réunion d'urgence à Bruxelles
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, s'est déclaré favorable à l'instauration de sanctions ciblées contre des responsables des violences en Ukraine, une mesure qui semble faire l'objet d'un consensus grandissant parmi les pays de l'Union européenne après la cinquantaine de morts enregistrés en trois jours.
"Il n'y aura pas d'impunité pour celles et ceux qui commettent des crimes graves. Et c'est d'ailleurs dans cette logique que l'on doit aller vers des sanctions à l'égard de responsables du régime, des responsables des forces de l'ordre aussi", a-t-il affirmé à son arrivée à une réunion extraordinaire des ministres européens des Affaires étrangères à Bruxelles. Selon M. Reynders, deux types de sanctions peuvent être imposées à des responsables ukrainiens: une interdiction de circuler dans l'Union européenne et un gel des avoirs afin de favoriser un véritable dialogue entre le président Viktor Ianoukovitch et l'opposition. "Jusqu'à présent c'était un dialogue de façade. J'espère que l'on aura des nouvelles un peu plus satisfaisantes sur une véritable médiation", a poursuivi le chef de la diplomatie belge. "On doit franchir une étape (...), l'étape des sanctions pour faire pression dans le sens du dialogue", a-t-il encore fait valoir.
La violence s'est déchaînée jeudi entre forces de l'ordre et manifestants, avec au moins 60 morts à Kiev, malgré la présence d'une troïka de ministres européens venus tenter d'arrêter le bain de sang.
Les autorités sont confrontées à la contestation depuis que l'Ukraine a renoncé en novembre à un accord avec l'UE pour se tourner vers Moscou.
RTBF avec Belga