Les ministres des Affaires étrangères de l'UE se retrouveront donc jeudi après-midi pour une réunion extraordinaire à Bruxelles pour discuter de l'Ukraine. "Toutes les options seront étudiées, y compris des sanctions contre les responsables de la répression et des violations des droits de l'homme", a déclaré Catherine Ashton, cheffe de la diplomatie de l'Union européenne.
"Ceux qui ont commis ces actes (de violence en Ukraine), ceux qui se préparent à en commettre d'autres, doivent savoir qu'ils seront sanctionnés", a affirmé mercredi le président français François Hollande au cours d'une conférence de presse commune avec la chancelière allemande Angela Merkel à Paris.
Le président Ianoukovitch devrait être épargné
Après des mois d'atermoiements, les Européens durcissent aujourd'hui le ton à l'égard du régime ukrainien, mais les éventuelles sanctions devraient cependant épargner, pour le moment, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch afin de ne pas couper les ponts avec Kiev.
"On ne veut pas couper les ponts, il faut laisser les canaux de négociations ouverts", a expliqué un diplomate s'exprimant sous couvert de l'anonymat.
"Il y a un bloc de pays qui ont des réserves sur les sanctions", a dit un diplomate en marge d'une réunion des ambassadeurs de l'UE chargés de préparer le conseil des ministres des affaires étrangères de jeudi.
Parmi ces pays, il y aurait l'Espagne, l'Italie, la Bulgarie, la Grèce et Chypre. Un diplomate d'un grand pays du nord de l'Europe a estimé que des sanctions contre Viktor Ianoukovitch "pourraient le pousser dans les bras de la Russie".
Dans le passé, se souviennent des responsables européens, les sanctions prises contre le régime du Bélarus ont conduit à un renforcement de la répression et à un rapprochement de ce pays avec Moscou.
Qui sanctionner? Et comment?
Si les Européens parvenaient à surmonter leurs divisions et à imposer des sanctions, elles pourraient consister à une interdiction de visas, au gel des avoirs de personnes impliquées dans la répression et à un embargo sur les matériels utilisés pour la répression, comme le gaz lacrymogène.
La ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino a suggéré d'également sanctionner "les provocations des groupes extrémistes et violents" de l'opposition.
Depuis l'échec des négociations en vue d'un accord d'association entre l'UE et l'Ukraine, en novembre dernier, Bruxelles n'a pas ménagé sa peine pour que Kiev choisisse finalement la voie européenne.
Catherine Ashton et le commissaire européen chargé des questions de voisinage, Stefan Füle, ont multiplié les missions. Imposer des sanctions sonnerait le glas de ces efforts.
"Nous voulons (...) permettre à l'Ukraine de connaître sa transition politique vers de nouvelles élections et un rassemblement", a assuré François Hollande mercredi. "L'Europe est toujours disponible pour l'accord d'association qui a été proposé à Vilnius", a-t-il ajouté.
Mais la Russie a vivement dénoncé la position des Occidentaux.
La Russie crie à la "tentative de coup d'Etat"
"Nos partenaires européens ont suffisamment fait les médiateurs", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a qualifié les événements actuels à Kiev de "tentative de coup d'Etat". Il a aussi accusé de nombreux pays occidentaux d'avoir "essayé par tous les moyens de s'ingérer" et d'avoir "encouragé l'opposition à agir hors du terrain légal" et d'avoir "menacé de sanctions".