de source officielle, les affrontements qui ont opposé au cours de la nuit des manifestants anti-gouvernementaux et les forces de l'ordre à Kiev ont fait 25 morts. C'est le ministère ukrainien de la Santé qui le précise mercredi. Le ministère de l'Intérieur ajoute que neuf policiers figurent parmi les tués.
"Quatre manifestants ont été tués lors du ratissage du Maïdan", a déclaré Sviatoslav Khanenko, responsable des services médicaux de l'opposition. Le précédent bilan officiel, publié avant l'assaut, faisait état de cinq civils et sept policiers tués depuis mardi matin. Deux corps autres ont été par ailleurs retrouvés dans la zone des affrontements, la police assurant qu'ils ne comportaient pas de traces de mort violente.
A noter que 21 journalistes ont été blessés lors de cette journée, annonce l'institut des médias ukrainiens relayé par la BBC. La plupart ont été battus par la police anti-émeute, ou ont été blessés par des balles en caoutchouc et des grenades assourdissantes, affirme l'institut.
Les manifestants rassemblés sur la place du Maïdan à Kiev, occupée depuis près de trois mois, avaient dressé mardi soir un mur de feu pour se protéger des policiers qui ont commencé à les déloger.
Cartons, panneaux de bois, tentes : un rideau de flammes tenait provisoirement les policiers à distance, ralentissant leur progression sur le Maïdan, la place de l'Indépendance, symbole de la contestation.
Le président accuse
En face, précédés de trois véhicules blindés, plusieurs centaines de Berkout, les membres redoutés des forces antiémeute, progressaient très lentement et le long de plusieurs axes, utilisant canons à eau, grenades lacrymogènes et assourdissantes, pour faire reculer les manifestants, qui ripostaient à l'aide de pavés et de cocktails Molotov, et ont mis le feu à un blindé.
Equipés de porte-voix, les policiers avaient auparavant demandé aux femmes et aux enfants de quitter les lieux, évoquant le lancement d'une "opération anti-terroriste". Des policiers équipés de fusils d'assaut Kalachnikov étaient stationnés en seconde ligne.
La télévision ukrainienne a diffusé des images d'un policier anti-émeute capturé et escorté par les manifestants, a annoncé la BBC.
Dans son adresse à la Nation diffusée en pleine nuit, après une rencontre sans résultat avec les chefs de l'opposition, le président Viktor Ianoukovitch les a accusés d'avoir "franchi les limites" en appelant selon lui à une "lutte armée" pour prendre le pouvoir. Il a assuré que les coupables "comparaîtraient devant la justice".
Des violences à Lviv
Pendant que les autorités ukrainiennes tentent de chasser les manifestants de Maïdan à Kiev, d'autres avaient pris d'assaut l'administration régionale et le siège de la police à Lviv, fief nationaliste dans l'ouest de l'Ukraine, a constaté un journaliste de l'AFP.
Quelque 500 opposants ont jeté des pierres en direction de l'administration régionale, puis y sont entrés sans rencontrer de résistance. Une centaine de protestataires ont ensuite pris d'assaut le siège de la police régionale. Les manifestants ont commencé à ériger une barricade devant le siège de la police et ont brûlé des meubles retirés du bâtiment.
Dans la région de Ternopil (ouest), les manifestants ont jeté des cocktails molotov sur le siège régional de la police qui a pris feu, a indiqué la police locale.
A Ivano-Frankivsk, également à l'ouest, quelque 50 manifestants encagoulés ont pris d'assaut l'administration régionale avant de l'occuper.
Les autorités ont ouvert une enquête pour "prise d'assaut de bâtiments publics" qui prévoit des peines allant jusqu'à six ans de prison, a indiqué la police régionale.
Tentative de conciliation ?
De son côté, l'agence Reuters et la BBC qui citent l'opposition, ont annoncé que Vitali Klitschko, l'un des principaux chefs de file de l'opposition ukrainienne, s'est rendu au siège de la présidence ukrainienne pour y rencontrer le chef de l'Etat, Viktor Ianoukovitch. Aucune nouvelle n'a filtré depuis. La BBC a juste annoncé que le président ukrainien allait s'adresser à la nation, mais il ne s'est rien passé jusqu'ici.
L'Allemagne évoque des sanctions
"Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, a appelé son homologue ukrainien pour le mettre en garde contre un basculement du pays dans la violence et pour inciter son gouvernement à rechercher une solution politique à la crise. Il a par la suite brandi la menace de sanctions contre les dirigeants ukrainiens", annonce Reuters.
"La seule personne qui peut maintenant arrêter la catastrophe en Ukraine est le président Ianoukovitch. Son hésitation et la violence sont responsables de cette situation" a tweeté, de son côté, le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.