Les images en direct depuis Kiev.
Plusieurs milliers de personnes sont toujours rassemblées sur le Maïdan, qui se trouve à nouveau intégralement sous le contrôle des manifestants. Certains redoutent de nouveaux assauts des forces de sécurité. Certains manifestants n'hésitent plus à exhiber leurs armes. Une importante réunion est en cours au parlement ukrainien.
Sanctions ciblées
L'Union européenne a décidé jeudi d'imposer des sanctions "ciblées" contre des responsables des violences sanglantes en Ukraine, ont annoncé plusieurs ministres des Affaires étrangères à l'issue d'une réunion extraordinaire à Bruxelles. "Nous avons pris la décision, en étroite coordination avec les trois ministres qui négocient à Kiev, de procéder très rapidement, dans les prochaines heures, pour priver de visas et geler les avoirs de ceux qui ont du sang sur les mains", a déclaré la ministre italienne des Affaires étrangères Emma Bonino en quittant la réunion de crise à Bruxelles.
Ces sanctions concerneront la délivrance de visas - et donc la possibilité de se rendre dans des pays de l'UE - ainsi qu'un gel des avoirs et la suspension des livraisons d'"équipements pouvant servir à la répression", a précisé le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, lors d'une conférence de presse.
Pour Mme Bonino, "la responsabilité de la violence incombe au régime (ukrainien), mais nous ne pouvons ignorer qu'il y a des groupes extrémistes et des infiltrés. Nous visons tous ceux qui ont du sang sur les mains", a-t-elle insisté.
Jeudi sanglant
Jeudi matin, les manifestants ont chargé les forces de police. Ces dernières ont reculé sur plusieurs centaines de mètres, abandonnant le terrain qu'ils avaient repris lors d'un assaut dans la nuit de mardi à mercredi. Ils ont protégé leur recul par des tirs soutenus de balles en caoutchouc qui ont blessé une dizaine de manifestants, aussitôt chargés sur des brancards et évacués vers les infirmeries de fortune de l'opposition.
"Pour préserver la vie des policiers, il a été décidé de les ramener sur des positions plus sûres et d'utiliser des armes, en légitime défense (...). Les policiers ont le droit d'utiliser les armes à feu", a déclaré le service de presse des troupes de l'intérieur. Le ministre de l'Intérieur a parlé d'"intervention de lutte contre le terrorisme". Des images montrent cependant des policiers anti-émeutes tirant calmement, sans être menacés par des manifestants, à l'arme automatique.
"Plus de 60 manifestants ont été tués. Tous l'ont été par balle", a pour sa part confirmé M. Khanenko. Certaines sources de la municipalité évoquent un bilan de 67 morts mais d'autres encore parlent d'une centaine de morts, sans que ces chiffres puissent être vérifiés.
Plus tôt, le ministre avait appelé les protestataires à déposer les armes et retourner à des manifestations pacifiques. "Dans les rues, il n'y a pas que les forces de sécurité qui sont tuées, mais également des civils pacifiques", avait-il dit.
A l'hôtel Ukraina, les manifestants, casqués et armés de gourdins, protégés par des boucliers semblables à ceux des policiers, ont escaladé leurs propres barricades avant de se lancer à l'assaut d'un cordon des forces de l'ordre.
Les journalistes RTBF sur place ont raconté qu'un sniper se trouvait au sein de l'hôtel, qui est en quelque sorte le quartier général de la presse internationale. Ils ont été un moment bloqués au troisième étage du bâtiment. Ils ont dénombré plusieurs cadavres dans le hall.