Liège

Uhoda : un nom devenu une marque, la success-story d'un entrepreneur et collectionneur d'art liégeois

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Par Marc Hildesheim

L'entrepreneur et collectionneur d'art liégeois Stéphan Uhoda était l'invité de Liège-Matin sur Vivacité ce mercredi, quelques jours avant l'inauguration officielle de la verrière colorisée de l'artiste Daniel Buren, à la gare des Guillemins (de Santiago Calatrava) de Liège. L'homme d'affaires est le principal mécène de ce projet. 

L'occasion d'un entretien à bâtons rompus avec Stéphan Uhoda, patron du groupe Uhoda (événementiel, car-washes, stations-service, épiceries, immobilier) et personnalité liégeoise hors norme;  

"Uhoda" est devenu une marque à part entière. Est-ce qu'il s'agit d'une stratégie commerciale, parce que ce nom désormais, c'est bankable ? 

Bankable, c'est encore un peu tôt pour le dire, mais on essaye effectivement de consolider la marque "Uhoda Epiceries" (présente à Liège, Beaufays, mais qui vient de fermer son magasin d'Hognoul). C'est avec cette nouvelle aventure que le nom a été mis en avant, mais aussi avec notre activité car-wash. C'est clairement une stratégie que la nouvelle génération veut développer au sein du business familial. C'est d'ailleurs parfois un peu difficile pour moi de me dire que ce n'est plus uniquement mon nom mais aussi celui d'une marque. 

Le nom Uhoda est lié à celui de la Cité ardente depuis des décennies. C'est une épopée familiale peu commune    

Effectivement. Mon père est arrivé à Liège au début des années 30. Il a ouvert la station-service Kennedy en 1963. Elle appartient d'ailleurs toujours à la famille (contrairement à 75 autres revendues à Q8 en 2019) car je ne voulais pas que papa se retourne dans sa tombe en me disant: "mais qu'as-tu fait là!" si je l'avais cédée. C'est une station-service iconique pour nous, que nous allons d'ailleurs rénover dès que nous aurons les autorisations nécessaires. Dans le business familial, après mon père, la seconde génération a pris le relais, puis maintenant la troisième, petit à petit.    

Le nom "Uhoda" est aujourd'hui synonyme de réussite, de success-story, mais sa réputation n'a pas toujours été aussi flatteuse (en référence notamment aux démêlés familiaux au sein du clan Uhoda, à l'époque du cabinet de l'ancien ministre Alain Van der Biest)  ...

Le chemin d'une vie est long, ce n'est pas un fleuve tranquille. On essaye en tout cas de lier notre nom à des projets de qualité, et c'est un travail de tous les jours. L'éthique pour nous est quelque chose d'important. Comme chaque entrepreneur, on traverse des périodes plus difficiles, mais le fait d'avoir ce passé et des réserves (financières) nous ont permis de nous en sortir.   

Avez-vous un modèle dans le monde de l'entreprenariat ? 

Pas au niveau du business. Je citerais plutôt Gandhi comme modèle à suivre, parce c'est quelqu'un qui a fait du bien autour de lui. C'est bien de faire du business, de faire de l'argent mais aussi de partager ses idées et ses projets. Celui de la gare va d'ailleurs dans ce sens-là: mettre une ville qu'on aime en avant, créer du lien autour d'un thème de qualité à savoir l'art contemporain, le faire dans un lieu très populaire, et espérer que cela ait un rayonnement en Belgique et à l'étranger. Tout ça est très motivant. 

Qu'est ce qui vous motive le plus justement, le business ou l'art ?         

Les 2 sont intimement liés. L'art est une passion mais devenir collectionneur n'a été possible que parce que j'avais cet esprit d'entreprise. Ce qui me fait le plus plaisir ainsi qu'à mon frère Georges, lui aussi collectionneur, c'est d'avoir mis le pied à l'étrier à de très jeunes artistes qui ont ensuite fait carrière. Au niveau de la collection que nous avons constitué, notre AND et notre approche, c'est ce mélange entre la jeunesse et des artistes qui font déjà partie de l'histoire de l'art comme Daniel Buren (qui a habillé la verrière de la gare). Mes trois enfants ont cette même passion pour l'art (un de ses fils participe au développement des épiceries, un autre est dans l'immobilier, sa fille est architecte en Suisse)             

Où vous voyez-vous dans 10 ou 20 ans ? Toujours à Liège ? 

Certainement à Liège, c'est une ville de coeur et on y restera. Et j'espère que je garderai toujours cette même volonté d'entreprendre. Cette ville a un potentiel extraordinaire. C'est vrai qu'il est temps que les travaux du tram se terminent car ce n'est pas évident pour les commerçants du centre. Mais je suis partisan du verre à moitié plein, pas de celui à moitié vide.   

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