Un coup de tonnerre pour l’opposition turque : la condamnation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu mercredi à deux ans, sept mois et 5 jours de prison et à la suspension de ses activités politiques pour une durée équivalente a provoqué la colère en Turquie. Plusieurs dizaines de milliers de personnes s’étaient réunies à Istanbul jeudi.
Ekrem Imamoglu n’est pas n’importe qui. Figure centrale de l’opposition turque, cet homme charismatique se positionnait en rival potentiel du président Recep Tayyip Erdogan. Membre du Parti républicain du peuple, le CHP, parti qualifié de gauche nationaliste, il était devenu la bête noire de l’AKP, le Parti de la justice et du développement, parti du président turc, après avoir remporté la mairie d’Istanbul aux élections de mars 2019, privant pour la première fois depuis 25 ans l’AKP de ce poste politique prestigieux. Cette élection a d’ailleurs été invalidée par le pouvoir turc, mais la mobilisation des Stambouliotes a donné, trois mois plus tard, une victoire encore plus grande à Ekrem Imamoglu.
Et c’est justement l’annulation des élections du 31 mars qui est au centre de la condamnation du maire de la capitale. Répondant à une forte critique du ministre turc de l’Intérieur, qui le traitait d’idiot et qui l’accusait de critiquer la Turquie à l’étranger, Ekrem Imamoglu avait eu cette réponse : "Les idiots, aux yeux de l’Europe et du monde, ce sont ceux qui ont annulé les élections du 31 mars." Les "idiots", pour la justice turque, ce sont les membres du Haut conseil électoral, ce qui fait du maire d’Istanbul un homme qui aurait insulté des hauts fonctionnaires.