Ce mot « féminicide », Charlotte Vanneste, Maître de recherches à l’Institut National de Criminalistique et de Criminologie et chargée de cours à l’Université de Liège, ne l’utilise jamais pour parler de la problématique des violences conjugales dans son ensemble. Elle considère que l’approche féministe a apporté beaucoup sur cette question et a permis de l’appréhender comme véritable problème social, symptomatique en partie de rapports de domination de genre. Mais qu’une lecture genrée peut également d’une part, écraser d’autres réalités comme celles résultant de classe sociale, de culture, etc. ou encore ne pas tenir compte du rôle des interactions dans le couple. Ces lunettes genre éludent aussi quelque part aussi une autre réalité : les hommes victimes eux aussi de violences conjugales par exemple, ou encore les violences dans les couples homosexuels.
D’autre part, cette lecture peut aussi mener à des « dérives » quand elle mène à revendiquer prioritairement une criminalisation des faits de violences conjugales [Ce qui est porté par une partie seulement du mouvement féministe]. Selon Charlotte Vanneste, les recherches montrent que la criminalisation n’est dans bon nombre de cas pas la réponse la plus appropriée ni la plus efficace et que par ailleurs « les stratégies punitives mobilisées vont dès lors écarter d’autres styles d’approches relevant davantage de l’action sociale ».
Au milieu de l’approche militante et scientifique, Jean-Louis Simoens, responsable de la ligne d’écoute violences conjugales, tranche le débat : « 97% des victimes qui appellent la ligne d’écoute sont des femmes. Le constat des inégalités, c’est une réalité évidente. Toutes les analyses de genre rentrent dans tous les domaines, économique, social, etc. On sait par exemple que dans le domaine de l’emploi, ce sont les femmes qui disposent du statut le plus précaire. Dans les violences entre partenaires, on ne peut pas non plus gommer cette réalité-là ».
Alors est-ce de notre responsabilité de l’introduire dans ce langage quotidien et de le mettre en lumière ? La RTBF le pense.
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