Rappelons tout d’abord qu’il y a plusieurs vaccins. La Belgique a signé pour 5 vaccins avec la Commission européenne. Le seul à avoir reçu (à l’heure d’écrire ces lignes) l’autorisation de mise sur le marché est celui de Pfizer-BioNTech. Le suivant devrait être celui de Moderna.
Concernant le vaccin Pfizer-BioNTech, utilisé depuis une semaine en Belgique lors de la phase pilote de vaccination chez à peu près 700 personnes. Ce vaccin à plateforme à ARN messager qui n’a jamais été utilisé par le passé a lors des études cliniques été testé sur près de 40.000 personnes et aujourd’hui été administré à près de 6 millions de personnes dans le monde.
Sur base des données cliniques, des informations qu’elle a obtenues et de l’autorisation de mise sur le marché qu’elle a fourni comme avis à la Commission européenne, l’Agence européenne du médicament n’a fourni qu’une contre-indication : une hypersensibilité à la substance active (qui est nouvelle et donc qui n’a jamais été utilisée) ou à l’un des excipients du composé. Les excipients du composé c’est, nous explique Jean-Michel Dogné, directeur du département pharmacie à l’université de Namur et expert à l’agence belge et européenne des médicaments : "le vaccin est constitué principalement de 4 formes lipidiques qui permettent de maintenir l’ARN messager relativement stable. Ensuite il y a des sels et du sucre, mais il n’y a pas d’adjuvants ni de conservateurs. Par contre, dans les deux formes lipidiques, il y en a une un peu plus spécifique qui contient du polyéthylène glycol et dont on sait qu’il peut être responsable de certaines réactions allergiques". Ceci est donc la seule contre-indication dite légale.
Les recommandations
Il y a aussi des recommandations liées à l’utilisation. Par exemple : "la vaccination doit être reportée chez les personnes qui présentent une infection fébrile sévère aiguë (fièvre de plus de 38 °C-38,5 °C) ou une infection aiguë", nous dit Jean-Michel Dogné. Pour le reste, une infection mineure ou une fièvre peu élevée ne doit pas retarder la vaccination.
Autre recommandation, pour le vaccin Pfizer-BioNTech il est indiqué pour les personnes de 16 ans et plus. "Elle n’est donc pas recommandée chez les enfants de moins de 16 ans". Pour ce qui du vaccin Moderna, il est indiqué chez les personnes de 18 ans et plus.
Jean-Michel Dogné explique qu’étant donné le grand nombre de personnes testées, certaines souffrant de comorbidité, on n’a pas de contre-indications sur des patients qui ont des pathologies préalables (patients obèses, qui souffrent de certaines formes cancéreuses, hypertendues, etc.). Le directeur du département pharmacie à l’université de Namur précise que : "là où on a moins d’informations, c’est chez les personnes dites immunodéprimées parce qu’elles n’ont pas été étudiées en étude clinique (à l’exception de certains patients HIV ou hépatite C)". Les vaccins ne sont donc pas contre-indiqués, mais l’efficacité peut être diminuée chez ces patients.
Enfin, dernière limitation importante. Elle concerne la vaccination pendant la grossesse et l’allaitement. Il existe peu de données par rapport à ces vaccins, surtout chez Pfizer-BioNTech. Jean-Michel Dogné : "il existe peu de données chez la femme enceinte et que les études animales n’ont pas mises en évidence d’effets délétères sur la gestation ou le développement embryonnaire". L’Agence européenne du médicament recommande dès lors que le vaccin Pfizer-BioNTech doit être envisagé chez la femme enceinte seulement si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques potentiels pour la mère et le fœtus. En Belgique, le Conseil supérieur de la Santé : "s’est prononcé pour ne pas recommander dès le début de la vaccination les femmes enceintes et d’attendre deux mois pour tomber enceinte une fois que l’on est vacciné".