Faut-il fermer une maternité sur six en Belgique? C'est une recommandation du KCE, le Centre Fédéral d'Expertise des Soins de santé, qui vient de publier une étude vivement contestée par les hôpitaux potentiellement concernés... Pour en parler, sur le plateau de l'émission CQFD, deux invités: Jean Hermesse, secrétaire général de la Mutualité chrétienne, et Eliane Tillieux, députée fédérale PS.
L'accouchement n'est pas une maladie
Pour Eliane Tillieux (et les nombreux opposants à cette recommandation soutenue par la ministre de la Santé), "les maternités doivent rester des services de proximité, et non des éléments de rentabilité. On parle d'un moment exceptionnel dans la vie des jeunes parents et du nouveau-né, qui nécessite d'être accompagné, avec un service proche du citoyen et dans son bassin de vie". La députée socialiste regrette que cette étude du KCE, "une expertise scientifique faisant le bilan de tableaux de chiffres [...], n'ait pas établi de comparaison stricte par rapport à la qualité du service offert. L'accouchement n'est pas une maladie".
Eliane Tillieux relaie aussi les inquiétudes exprimées par les organisations de sages-femmes: du personnel spécialisé dans les soins à la mère et à l’enfant, qui ne pourrait pas être déplacé dans un autre service infirmier manquant de personnel si facilement. Elle ajoute que derrière les services de maternité de proximité, "il y a des visites médicales, des visites aux urgences, des urgences pédiatriques qui représentent par exemple 25% des urgences à Auvelais [une des maternités menacées, Ndlr], c'est donc tout le système de l'hôpital qui est mis en danger, si on touche à la maternité".
En réseau, des hôpitaux pourraient décider eux-mêmes de fermer leur maternité
Jean Hermesse précise que l'étude met surtout ce point en évidence: "Quand on a peu d'accouchements avec une équipe fixe à maintenir en cas d'urgences, forcément, le coût par accouchement est plus élevé. Mais dans l'étude du KCE, on ne fait pas le calcul de l'économie que cela pourrait représenter car aujourd'hui, quand il y a un accouchement, l'hôpital reçoit deux parties pour le financer: les honoraires des différentes spécialités et, depuis le 1er janvier 2019, un même forfait quelle que soit la taille de la maternité [...] Quand on a un faible taux d'occupation, forcément ça coûte plus cher".
Pour le secrétaire général de la Mutualité chrétienne, ceci induit que les hôpitaux pourraient bientôt décider eux-mêmes de fermer une maternité qui ne serait plus tenable. "Depuis 2016, il y a ainsi 4 maternités qui ont déjà fermé, parce qu'on est dans ce mouvement de réseaux hospitaliers", affirme-t-il.