A l’annonce des nouvelles mesures décidées par le Comité de concertation, beaucoup de professionnels de la santé ont réagi négativement. Leila Belkir est virologue à l’hôpital universitaire Saint-Luc, à Bruxelles. Elle ne comprend pas l’ordre de priorité du Gouvernement: " Nous attendions des mesures beaucoup plus fortes que celles prises aujourd’hui. Nous ne comprenons pas le maintien de certaines activités. aussi peu essentielles que les visites de zoo ou les compétitions sportives. Aujourd’hui, nous devons reprendre, ensemble, le contrôle de cette épidémie. La situation dans les hôpitaux est grave. Il faut faire un break par rapport à ce qui n’est pas essentiel dans la vie quotidienne. "
Philippe Devos, Président de l'Absym: "Nous réfléchissons au scénario du pire"
Philippe Devos est le Président de l’association belge des syndicats médicaux mais également le chef des soins intensifs du CHC de Liège. Aujourd’hui, comme beaucoup de ses confrères, il se dit résigné en voyant la masse de patients qui déboulent dans son service.
Aux dernières décisions politiques, il réplique : " J’espère que le premier ministre a raison car il fait un pari sur la vie des personnes. Je sais que la capacité maximale à soigner dans mon unité de soins intensifs sera atteinte dans 15 jours si les mesures prises échouent. Hier, mes infirmières après avoir passé huit heures en service de soins intensifs, ont passé huit autres heures pour monter une nouvelle unité de soins intensifs. Nous bossons, c’est tout. Aujourd’hui, j’en appelle au bon sens individuel. J’espère les gens s’abstiendront de voir d’autres personnes s’ils présentent des symptômes. "
La semaine dernière, son service a pu évacuer un certain nombre de patients vers d’autres hôpitaux, notamment à Tongres, Tirlemont, Leuven ou Hasselt. Il n’empêche, il constate toujours une différence énorme de prise en charge des patients covid : "Si nous comparons Liège et le Limbourg, il existe encore un ratio 4/1 au niveau du nombre de malades covid aux soins intensifs. Il y a donc toujours un gros déséquilibre et une forte disponibilité de lits dans le Limbourg. Mon objectif reste le même : ne pas déborder et ne pas devoir trier les patients. Aujourd’hui, nous réfléchissons à un scénario Lombardie. Nous réfléchissons au scénario du pire. Ce serait une erreur de ne pas y songer. L’idée d’ouvrir un hôpital en concertation avec la ville de Liège est sur la table.".