Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme

Le village de Doel attire des photographes amateurs et des musiciens qui tournent un clip

© Dominique Delhalle / RTBF

"Nous avons atteint le point de saturation"...

Où se manifeste cet afflux de touristes d'un jour ? Le long des côtes, dans l'un de ces beaux villages de Wallonie, sur la Grand-Place de Bruxelles ? Non: à Doel, au Nord-Ouest d'Anvers. Doel et sa centrale nucléaire: étonnant, non ?

Un but d'excursion

Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme
Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme © Dominique Delhalle / RTBF

Dans les derniers jours des congés de Pâques, nous y avons croisé des familles, des groupes d'adolescents, des couples. Heureux de s'y trouver, malgré la fermeture de la seule taverne (avec terrasse) qui colle à un vieux moulin, avec  cette haute cheminée nucléaire (une tour) en toile de fond.

Cette semaine encore, venus de l'Ouest comme de l'Est du pays, des touristes ont convergé vers ce village, au point d'alerter la police et le bourgmestre locaux.

"Nous allons limiter l'accès au village ou, s'il le fallait, l'interdire", annoncent d'une seule voix Marc Van de Vijver et Léo Mares, respectivement bourgmestre de Beveren (Doel y est rattaché) et chef de la zone de police Waasland-Nord. "Les nombreux visiteurs causent des désagréments aux habitants du village et tous ne respectent pas les mesures sanitaires."

Bref, passe ton chemin, gentil visiteur. Mais au fond, pourquoi emprunter ce chemin-là, vers Doel, dont l'accès impose de traverser une longue zone exclusivement portuaire et industrielle?

BD et western

Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme
Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme © Dominique Delhalle / RTBF

Non, ce ne sont pas les vapeurs d'eau s'échappant de l'une des tours qui exercent un tel magnétisme. Plutôt la conjonction, en une unité de lieu, de deux particularités topographiques.

La première, une très large vue, à partir d'un bras de l'Escaut, de l'un des accès au port d'Anvers. La seconde, en contre-bas de cette longue butte, le village même de Doel, avec sa rue centrale, ses ruelles perpendiculaires, son église, son cimetière.

Des maisons aux volets clos et, pour la plupart, tagués, des jardins rendus à leur nature, sans aucun entretien saisonnier, des arbustes qui grimpent le long d'une façade ou la perforent, qui crèvent des toits.

Doel, un village-fantôme, comme dans une bande dessinée, comme dans un Western, il ne manque plus que le bruit des portes à battant d'un saloon qui claquent au vent. Et un vautour qui guette les plus faibles. Des photographes amateurs, des rappeurs, des musiciens, figent des images, y tournent des clips.

Les irréductibles

Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme
Trop de touristes à Doel, connue pour sa centrale nucléaire et son village fantôme © Dominique Delhalle / RTBF

Mais le sheriff sort de son bureau et sévit, fin de la séance! Ne plus importuner les villageois ? Ils sont encore quelques poignées et se calfeutrent derrière des rideaux, comme pour ajouter une pièce au décor. Ils ne souhaitent pas eux-mêmes devenir une attraction touristique, "les derniers des derniers", les "irréductibles".

Quelques-uns n'ont pas quitté les lieux, d'autres y sont revenus. Ce village, en réalité, est promis à la destruction. Mais à la suite d'une série de recours, raser Doel au profit d'une extension du port d'Anvers est repoussé depuis une trentaine d'années.

Un objectif, un but

L'afflux de visiteurs est aussi une aubaine pour des marchands ambulants. Seize heures, le jour de notre passage: "vous souhaitez deux cafés, messieurs? Désolé, j'ai tout vendu."

Même réponse chez la voisine, une concurrente ou une partenaire, allez savoir. Il restait des crèmes glacées, des sodas, à consommer "en vous éloignant de la camionnette, merci", comme l'indique une affiche, parallèlement à la liste des tarifs.

Ce jour-là en tout cas, les mesures sanitaires prescrites à l'extérieur étaient bien suivies. Depuis lors, des reportages radios et TV à la RTBF semblent avoir aiguisé la curiosité d'un public francophone. Plus de monde encore dans cet endroit voué à l'oubli. Curieux encore, avec ce nom de village.

Een doel se traduit en français par un objectif, un but.

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