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Tribunal correctionnel de Tournai : une bodycam de la police filme une tentative de meurtre

Une policière  équipée d'une Bodycam

© Belga - Eric Cornu

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Par Cédric Ketelair édité parVincent Clérin

Depuis quelques années, bon nombre de zones de police équipent leurs policiers de bodycams. Il s’agit de petites caméras placées sur les gilets pare-balles des agents, qui enregistrent les interactions entre la police et le public, ou une intervention policière délicate. L’un des buts de cet équipement est de départager les versions des faits, en cas de litige.

Le 7 août 2022, une bodycam enregistre une tentative d’homicide à Mouscron. Un homme tente d’étrangler sa femme. Malgré les images, cette tentative d’homicide est contestée par l’avocat de la défense.

Jean, actuellement détenu préventivement, est en couple avec Amélie depuis dix-sept ans. Ils ont trois enfants, une vie normale. Ils travaillent tous les deux et sont propriétaires de leur maison.

Il noie son chagrin dans l’alcool

Au début de l’année 2022, le couple bat de l’aile. Le couple se sépare. Jean, qualifié d’honnête travailleur et de bon camarade par ses proches, noie son chagrin dans l’alcool et, comme disent ses amis, "l’alcool fort le rend con".

Le 29 mars 2022, Jean est ivre. Il se rend chez sa femme, rue Sainte-Germaine, et tente de rentrer dans la maison par la force. Elle appelle la police. Deux agents découvrent Jean devant la porte. Il a les yeux vitreux, gorgés de sang, et de la bave sort de sa bouche. Jean insulte les agents, menace de foutre le bordel. "Si tu réveilles mes enfants, tu vas avoir affaire à moi", dit-il à un policier. Jean est amené en cellule de dégrisement pour y passer la nuit.

Flagrant délit et bodycam

Au début du mois d’août, le couple se rabiboche. Le 7 août, Jean et Amélie passent la soirée dans des débits de boissons de la cité des Hurlus. Il est temps de rentrer, mais Amélie refuse que Jean passe la nuit avec elle. Il insiste. Amélie se sent en danger et appelle la police.

Une patrouille intervient sur base du flagrant délit. La porte de la maison est entrouverte. Un policier active sa bodycam et entre dans la maison. Un homme est à califourchon sur une femme, qui hurle. Les policiers sont formels, image à l’appui, les mains de Jean entourent le cou d’Amélie. Pour le premier substitut du procureur du roi, les faits sont établis et il requiert une peine de 37 mois de prison pour la tentative d’homicide et trois mois pour la rébellion.

Aucun souvenir

La tentative de meurtre est contestée par Me Guillaume Gossieaux, avocat de Jean. "Il n’a pas mis en œuvre les moyens nécessaires pour tuer sa femme, laquelle hurlait, ce qui prouve qu’elle n’était pas étranglée et qu’elle n’était pas en train d’étouffer", dit-il. L’intention morale est aussi contestée.

Jean prétend qu’il tenait sa femme par les épaules. Le représentant du ministère public, qui a vu les images, ne partage pas cet avis.

Quant à Amélie, elle ne se souvient plus des faits car, dit-elle, elle était en état d’ivresse. "Je n’ai pas le souvenir qu’il m’étranglait", dit-elle. La dame souhaite que son époux sorte de prison pour passer les fêtes en famille. "Ce n’est pas un mauvais homme, sauf quand il a bu", dit-elle. Une requête de remise en liberté est demandée par la défense.

Le tribunal forgera-t-il sa conviction sur base des images enregistrées par la bodycam ? Le jugement sera prononcé en janvier.

 

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