Trentenaires

Trentenaires : "Une série qui se regarde la larme à l’œil en dansant"

"Trentenaires"

© 2023/LA FILLE DES FRERES / RTBF

Réalisateur multi-primé, Joachim Weissmann a mis son talent au service de la nouvelle série belge Trentenaires, adaptation francophone de la flamande Dertigers. On a discuté avec ce Tournaisien du casting de la série, de son tournage à Charleroi et de ce qui rend Trentenaires unique.

Trentenaires, une série belge à découvrir dès ce dimanche 23 avril à 20h05 en télé sur Tipik et sur Auvio.

Comment avez-vous formé ce groupe de trentenaires ? Sur base de quels critères ? 

On a recueilli environ 900 candidatures ! On a fait une pré-sélection sur base de laquelle il a fallu former ce groupe. C'était compliqué, car on a vu beaucoup d’excellent·es comédiens et comédiennes. Je voulais un casting de trentenaires assez large : certains arrivent tout juste dans la trentaine et d'autres l’ont dépassée, donc on a réduit leur âge fictionnel. J’avais aussi envie d’un casting hétéroclite, qui ne soit donc pas uniquement d'origine caucasienne, car cette mixité correspond à ce qu’est la Belgique.

Avez-vous regardé la série d'origine, Dertigers ?

J’ai regardé les six premiers épisodes et j'ai tout de suite vu le potentiel de cette série. De là, ont découlé des discussions avec Warner : est-ce qu’on part sur quelque chose de naturaliste comme l’a fait Dertigers ou sur une esthétique propre à la fiction ? On a finalement pris des caméras cinéma, mais avec une approche filmique et documentaire. C’est-à-dire qu’on suit les personnages tels qu’ils sont, on est à hauteur humaine, il n'y a pas de grande envolée à la grue ou de traveling. On a une caméra-épaule qui est vivante. Tout ça fait partie du réalisme qu'on tenait à donner à la série.

Concernant l’adaptation, on a gardé les personnages et les plot points de chaque séquence qu'on a fait évoluer puisqu’il fallait adapter l'histoire à Charleroi. Il n'y a pas eu de traduction, car sur Dertigers, ils travaillaient à peine avec des dialogues pré-écrits, il y avait pas mal d'impro. Moi, je voulais partir sur quelque chose de plus écrit. Comme on tourne rapidement, je préférais que tout soit calé en amont pour ne pas avoir d’hésitation sur le tournage.

Benjamin Ramon, Joachim Weissmann et Amandine Hinnekens.
Benjamin Ramon, Joachim Weissmann et Amandine Hinnekens. © Éric Gillard

Quelles ont été vos inspirations ? 

Pour ce projet qui est tellement particulier, je ne pouvais pas me permettre d’avoir des exigences. J’ai travaillé énormément sur la direction des comédiens et comédiennes. Ensuite, en salle de montage, on a fait prendre la sauce, on a renforcé la cohésion et les émotions de chaque personnage et de chaque situation. Trentenaires ne ressemble à aucune autre série. Elle a son ton particulier, sa forme, son langage. Oui, il y a des références, mais Trentenaires annonce une brèche dans laquelle on s’est mise. De toutes les faiblesses de ce type de production, on en a fait une force, avec un point de vue réel. 

De quelle brèche parlez-vous ?

Comment on fait des séries à l’heure actuelle avec un budget maitrisé ? On revient sur la base de notre métier : les comédiens, les personnages, l’histoire. On pourrait limite avoir une caméra de sécurité qui filme les situations, ça pourrait marcher. Mais ici, on a quand même la chance d’avoir un caméraman derrière (rires).

Boris Prager dans "Trentenaires"
Boris Prager dans "Trentenaires" © 2023/LA FILLE DES FRERES / RTBF

La musique a une place énorme dans la série. Était-ce déjà le cas dans le scénario ? 

C’était déjà le cas dans les versions flamande et hollandaise. La musique permet de transmettre rapidement des émotions et d’accélérer le processus de transfert vis-à-vis du spectateur. Néanmoins, je n'étais pas en accord avec la BO de Dertigers, car ils ont utilisé des musiques des années 90, soit la décennie dans laquelle sont nés nos trentenaires actuels. Or, je pars du principe qu’on n’écoute pas nécessairement les musiques de la décennie où on est né. Bien au contraire. On forge son caractère musical à partir de l’adolescence.

Partant de ce principe, on a surtout utilisé des titres des années 2000. Je dis souvent que Trentenaires est une série qui se regarde la larme à l’œil en dansant, car il y a énormément de musiques, de panels, on passe de l’électro au rap selon les personnages. On a aussi utilisé des morceaux de certains de nos comédiens qui ont une autre carrière que la comédie, comme Benjamin Ramon (Vince) avec Batar ou Boris Prager (Luca) avec Babbel. J’ai aussi utilisé des artistes belges, notamment de la région de Charleroi (Tweaken, Mochélan...).

Charleroi est une ville qui a globalement une mauvaise image. Comment aviez-vous envie de la montrer ? 

Graphiquement, vous déposez votre caméra à Charleroi, c’est beau. Je ne voulais pas rentrer dans ces clichés qui me saoulent et que j’en ai marre d’entendre car ils sont faux. Je voulais être juste dans ce qu’on montre. On n'a pas essayé d’édulcorer la réalité, ni de la durcir. On a filmé ce qui existe, puisqu’on est en décor naturel. Si vous regardez la série, vous verrez que c’est beau Charleroi comme ça. Je pense que Charleroi est à un tournant et est en train de se transformer. Malheureusement, c’est une ville qui a des casseroles, mais qui, au fur et à mesure, sont en train de disparaître. Je l’espère. Et si la série peut y contribuer, c’est encore mieux !

Naim Belhaloumi, Amandine Hinnekens et Gabriel Da Costa dans "Trentenaires".
Naim Belhaloumi, Amandine Hinnekens et Gabriel Da Costa dans "Trentenaires". © 2023/LA FILLE DES FRERES / RTBF

Dans vos repérages à Charleroi justement, avez-vous eu de bonnes ou de mauvaises surprises ?

On a eu des bonnes surprises. Premièrement, parce qu'on a trouvé tous les lieux qui correspondaient à tous nos personnages ! Mais aussi des mauvaises, comme tourner au troisième étage sans ascenseur. Donc saison 2, premier épisode, ce couple-là déménage (rires). On a fait du repérage dans des endroits difficiles, mais réels. On est allé voir de tout. On a vu des lieux dont je ne soupçonnais pas l'existence à Charleroi : des maisons, mais genre des palais ! On se demande d'abord d’où ça vient, mais quand on connait le passif industriel de la région, on sait qu’il y avait de l’argent. Donc on est tombé sur des choses incroyables. Tout comme des magnifiques coins de verdure : les jardins suspendus de Thuin, à 20 minutes de Charleroi, la piscine ouverte à Loverval. D’ailleurs, on a tous et toutes hâte d'y retourner pour le tournage de la saison 2 ! 

Justement, à quoi peut-on s'attendre pour la saison 2 ?

Des choses vont se concrétiser. Le groupe va continuer à exister, à évoluer dans la trentaine, avec des choses annoncées en saison 1 qui vont continuer à se développer en saison 2. Ça va être plus rapide, puisqu’on ne doit plus présenter les personnages au public. On rentre dans le vif du sujet dès le premier épisode. Mais aujourd'hui, on espère d'abord que la série va trouver son public.

Trentenaires - bande-annonce

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous