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Trafic de drogue aux Philippines : opération "nettoyage" au cœur même de la police

Skyline de Manille et illustration de drogue

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Aux Philippines, des centaines de hauts gradés de la police ont été priés mercredi de démissionner, le gouvernement cherchant à faire un "nettoyage" dans les rangs des forces de l’ordre éclaboussées par des affaires de corruption liées au trafic de drogue.

Le ministre de l’Intérieur Benjamin Abalos a exhorté tous les colonels et généraux de la police – environ 300 au total – à présenter leur démission de "courtoisie", une "poignée" d’entre eux étant impliquée dans le trafic de stupéfiants d’après une enquête. Pendant qu’un comité de cinq membres examinera leur dossier, les hauts gradés pourront tout de même continuer de travailler. En revanche, ceux reconnus coupables verront leur démission acceptée, a précisé Benjamin Abalos lors d’une conférence de presse au siège de la police nationale à Manille.

Si vous n’êtes pas impliqué, il y n’a aucune raison de vous inquiéter

 

"Raccourci"

"Si vous n’êtes pas impliqué, il n’y a aucune raison de vous inquiéter", a déclaré le ministre, précisant que quiconque ne remettrait pas sa démission serait considéré comme "suspect". Selon lui, cette approche "radicale", recommandée par le chef de la police nationale Rodolfo Azurin, constitue un "raccourci" pour finir le travail plus rapidement, les précédentes enquêtes sur les officiers présumés corrompus ayant pris beaucoup de temps et livré peu de résultats. "C’est le seul moyen de nettoyer rapidement les rangs de la police", a assuré Benjamin Abalos. "Il est difficile de faire la guerre lorsque c’est votre allié qui vous tire dans le dos".

Bien que cette méthode ne permette pas à elle seule de débarrasser la police de la corruption, elle pourrait "faire passer le message aux échelons inférieurs que ce qui a pu être toléré un temps sous la (présidence) précédente ne le sera plus", a estimé Sam Ramos-Jones, un analyste en sécurité. La police philippine mène une campagne anti-drogue, lancée par l’ancien président Rodrigo Duterte et poursuivie par son successeur Ferdinand Marcos Jr. Depuis 2016, la police a tué des milliers de trafiquants et consommateurs de drogue présumés, mais des détracteurs estiment que les riches et les puissants ont largement été épargnés.

Il est difficile de faire la guerre lorsque c’est votre allié qui vous tire dans le dos

Ce n’est pas la première fois que des mesures aussi draconiennes sont utilisées pour nettoyer les rangs des forces de l’ordre philippines. Au début des années 1990, l’ancien président Fidel Ramos a sévi contre la police du pays, ordonnant la démission de tous les officiers de plus de 56 ans ou de ceux ayant plus de 30 ans de service. A l’époque, le chef de la police nationale et neuf autres officiers avaient démissionné.

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