Sevim, 20 ans, est également participante. Cette jeune bruxelloise a arrêté ses études secondaires avant leur terme, il y a deux ans. "Ma recherche d’emploi ne s’est pas bien passée. J’avais peur du monde professionnel", explique-t-elle. "Faire un cv, écrire une lettre de motivation… L’école ne prépare pas assez au monde professionnel. Je n’avais pas confiance en moi et j’étais aussi persuadée de ne rien pouvoir trouver qui me plaise. Je suis tombée dans un cercle vicieux qui ne me motivait pas du tout."
"C’est une question de rythme de vie aussi", ajoute-t-elle, "quand tu ne fais rien, tu t’habitues à un rythme de vie qui n’est pas sain pour toi. Tu te laisses aller, mais finalement tu ne fais que procrastiner. Il faut vraiment attendre un déclic pour que ça bouge."
Rejet de l’école
Sevim et Dawid ont un point commun : l’école a été source de désillusions. "J’ai été constamment critiqué à l’école", confie Dawid, "ça n’a pas du tout aidé mon développement personnel". De son côté, Sevim acquiesce : "Si j’avais pu suivre un enseignement sans passer par l’école, je l’aurais fait. Niveau psychologie, mental, soutien… L’école ne m’a rien apporté de positif."
Pour Marie Canivet, responsable du projet 100% jeunes, ce rejet de l’école n’est pas anodin. "C’est un phénomène qui arrive souvent", explique-t-elle," c’est la première institution de laquelle on peut être dégoûté et ça se transforme en cercle vicieux. Tu finis par être dégoûté de toutes les institutions étatiques. Ça va très vite dès que tu décroches…" Et la situation est d’autant plus difficile lorsque le jeune n’a "pas de remparts, comme une famille qui le soutient," estime Costa Papadopoulos. Avançant son expérience personnelle, il ajoute : "moi-même j’aurais probablement arrêté l’école si mes parents n’avaient pas été là".
Ne pas pousser vers l’emploi à tout prix
Pour cette raison, ajoute Costa Papadopoulos, "on essaie ici de faire l’inverse de l’école. On ne force pas les jeunes à s’adapter, on essaie nous, de nous adapter aux jeunes pour ce qui pourrait leur correspondre." Parce que l’idée n’est pas de pousser à tout prix les jeunes à l’emploi. "On laisse libre choix aux jeunes", explique Costa Papadopoulos, "on n’a pas un chemin principal. Si le besoin premier du jeune est de faire du bénévolat ou encore de voyager, on se concentre là-dessus. Si le besoin ressenti par le jeune est de faire une formation parce qu’il sent qu’il a un manque de compétences pour se professionnaliser, alors on passe par ce chemin-là."