Cela pourrait faire sourire, mais c’est très sérieux. A Taïwan, des chercheurs utilisent désormais le ver à soie, pour composer des pâtées félines ! Les chrysalides sont en effet riches en protéines, en graisses et en minéraux. C’est bio, écolo et source de revenus pour les derniers producteurs de vers à soie de la planète.
Après le thon, le bœuf, le saumon… Le ver ! Le ver à soie même…
Cette petite chenille entre désormais dans la gamelle de Romeo, Carmen, Zia, Garfield. L’idée a germé dans l’esprit de chercheurs taïwanais…
"Le projet consiste à chercher les différentes interventions physiques pouvant faire croire au ver à soie qu’il est menacé, afin qu’il produise des antimicrobiens naturels" explique Liao Chiu-Hsun. " Nous incorporons ensuite les chrysalides qui contiennent ces substances naturelles dans les aliments pour animaux de compagnie."
Le produit est écolo (puisqu’on recycle un déchet issu de la production de soie) et ne contient pas de bactéries intestinales nocives.
Il évite aussi de se boucher le nez. Les déjections " soyeuses " des boules de poils à quatre pattes sont moins odorantes.
La sériciculture
C’est le nom scientifique de l’élevage du ver à soie qui est lui-même la chenille d’un papillon, le Bombyx mori.
Il consiste en l’ensemble des opérations de culture du mûrier, d’élevage du ver à soie pour l’obtention du cocon, de dévidage du cocon, et de filature de la soie.
Jusqu’en 1860, la sériciculture était répandue en France, en Italie, et dans le bassin méditerranéen, mais des épizooties ont décimé les populations de vers à soie et aujourd’hui plus de la moitié de la production de cocon est réalisée en Asie.
Le ver à soie est connu depuis plus de 4500 ans pour son fil aux incroyables propriétés.
En Chine ou encore en Corée, les chenilles sont très appréciées comme mets culinaires.
Abécédaire du ver à soie
Les petites chenilles ont beaucoup de choses à nous apprendre…
À la fin de leur croissance, soir après 30 jours, les vers à soie pèsent 6000 à 10.000 fois plus qu’à leur naissance !
Au cours de sa vie, le ver à soie changera 4 fois de peau (mues) et verra son poids multiplié par 10.000.
À ce rythme, un nourrisson de 3 kilos atteindrait un poids de 30 tonnes et mesurerait 12 mètres de haut.
Le cocon dans lequel le ver à soie s’enferme pour se transformer en papillon est une véritable petite bobine qui peut atteindre 1,5 kilomètre de fil.
A diamètre égal, ce fil de soie est aussi résistant qu’un fil d’acier.
Un kilo de cocons donnera 200 grammes de fil ce qui veut dire que pour fabriquer un kimono en soie, il faut environ 3000 cocons.
15 matous « testeurs de goût »
Autant dire que dans les élevages de vers à soie du pays, on se frotte la chrysalide ! Des centaines de vers se tortillent dans les plateaux, en croquant des feuilles de mûrier, ne sachant ce que l’avenir leur réserve !
Cette utilisation innovante des cocons de vers à soie pourrait constituer une bouée de sauvetage pour les derniers éleveurs de Taïwan.
Et pour les amoureux des animaux, c’est tout bon aussi !
" Je pense que les propriétaires d’animaux de compagnie sont aujourd’hui plus attentifs aux ingrédients. " commente Eva Liu, directrice générale de Pet Food. " Ils comparent et analysent les substances contenues dans les différentes marques d’aliments qu’ils souhaitent acheter pour leurs petits animaux."
A Taïwan, comme ailleurs, la possession d’animaux est en hausse, et l’économie qui l’entoure est évaluée à un milliard de dollars.
La pâtée bio pour chats goût chrysalides de vers à soie coûte 2,12 euros