Le télétravail a du succès : il offre non seulement une réponse au problème de la mobilité, mais également au souhait d’une meilleure combinaison entre vie privée et travail. On parle de doubler le nombre de télétravailleurs pour 2030. Mais qui sont les télétravailleurs belges ? Comment réussir son télétravail ?
Un cadre légal a été adopté début 2019, afin de mieux protéger le télétravailleur en cas d’accident. Il définit que télétravailler, c’est travailler à distance, chez soi, dans un espace de coworking ou dans les transports. Bref, si on ne travaille pas dans les locaux de son entreprise, c’est qu’on télétravaille.
Vrai ou faux télétravail ?
Le télétravail est tendance et il semble que près de 50% des travailleurs pourraient télétravailler au moins un jour par semaine d’ici 2030 en Belgique. On parle ici des employés, pas des indépendants, même si le télétravail est aussi reconnu pour les indépendants.
Donner un chiffre n’est toutefois pas évident car il y a le vrai et le faux télétravail, remarque Jean-Olivier Collinet, de Jobyourself : le télétravail off shore, qui n’est pas valorisé, et celui qui l’est.
Certains demandent à travailler un ou deux jours par semaine chez eux, dans le cadre du bien-être au travail. Mais il y en a beaucoup aussi qui travaillent pendant leurs temps de déplacement ou le soir chez eux, par exemple en envoyant quelques emails. Cela n’est malheureusement pas encore considéré comme du télétravail, comme du temps qu’on pourrait éventuellement récupérer.
Le profil-type du télétravailleur
Le télétravailleur est un individu, autant homme que femme, entre 35 et 49 ans, diplômé de l’enseignement supérieur, qui travaille majoritairement dans une grande entreprise, et qui est actif dans le secteur des services.
Le télétravail n’est donc pas souvent accordé à des jeunes, mais plutôt à des gens qui ont une ancienneté dans l’entreprise, comme s’il fallait une relation de confiance. Le jeune est d’ailleurs plutôt nomade, il aime travailler dans de nouveaux environnements.
Le télétravail devient de plus en plus une manière de gratifier les personnes. On observe que ce que les travailleurs souhaitent en premier, c’est l’aménagement de leur temps de travail, plus qu’une augmentation ou une formation.
Que dit la loi ?
La loi dit qu’il y a deux types de télétravailleurs : le télétravailleur occasionnel et le télétravailleur régulier. Ce dernier doit alors avoir une disposition spécifique dans son contrat de travail, qui octroie un nombre de jours légaux à respecter.
La loi passée en janvier 2019 prévoit une assurance en cas d’accident de travail à la maison, pendant les heures de bureau, y compris l’heure de lunch. Les employeurs ne peuvent bien sûr pas contrôler si la maison est bien sécurisée, mais les compagnies d’assurances sont très tolérantes sur cette nouveauté du travail.
Cette loi, qui vous sécurise quand vous travaillez de chez vous, n’a fait qu’accentuer le nombre de télétravailleurs.
Au niveau européen, le Belge se situe dans la moyenne. Plus on va dans le nord de l’Europe, comme la Suède, plus le télétravail fait partie de l’ADN. Le meilleur élève, depuis 10 ans, est le Hollandais, qui a la culture du télétravail depuis de nombreuses années. Le pire est l’Italien, puis l’Espagnol et l’Allemand.
Problème de confiance ?
Ce sont majoritairement les entreprises de plus de 250 personnes qui accordent cette possibilité. L’absence est en effet beaucoup plus complexe à organiser dans les petites PME où les travailleurs, peu nombreux, font souvent un peu de tout. Le patron est moins armé pour organiser le télétravail que les grandes entreprises qui ont un service de ressources humaines. La marge de progression dans les 5 prochaines années va venir essentiellement des PME.
La croissance des dix dernières années est essentiellement due aux outils numériques (PC portables, connexion haut débit, abonnement internet illimité…). Mais ils permettent aussi à l’employeur des grandes entreprises de contrôler le travailleur : check-in le matin et check-out le soir, caméras qui ne filment pas mais contrôlent le mouvement, une reconnaissance faciale de voir si on est actif devant son PC….
C’est là le travers du télétravail. Il faut dans certains pays acquérir la confiance, car on part du principe qu’on s’amuse plus à la maison… C’est un problème culturel qui n’existe pas en Hollande où la confiance est octroyée dès le départ.
Cela risque de décourager le télétravail et l’indice de confiance. Pour Jean-Olivier Collinet, la croissance du télétravail en Belgique dépendra de deux choses : le changement de la culture et la capacité de s’organiser, pour les petites structures.
Et ce changement est urgent : le télétravail est souvent présenté comme une solution aux problèmes de mobilité. 7% de km sont aujourd’hui évités grâce au télétravail, ce qui représente près de 24 millions de km en voiture gagnés. Si on atteint l’objectif d’un télétravailleur sur 2, on a là une vraie réponse dans la lutte pour le climat.
Les pour et les contre
Certains se disent trop distraits ou déconcentrés pour télétravailler, ils ne savent pas s’organiser. D’autres craignent d’être trop isolés des collègues, ils ont besoin d’être dans un environnement collectif.
Les pro-télétravailleurs ressentent le bien-être, la concentration et donc la satisfaction du travail accompli. Ils n’ont pas été intoxiqués par les différents éléments qui auraient pu les distraire sur la journée.
La régularité dans le télétravail est intéressante car elle crée un rythme de travail et permet de s’organiser, tout en se donnant une bulle d’oxygène à la maison. Mais il faut veiller à quelques critères :
Il faut prendre soin de soi aussi à la maison et veiller à l’ergonomie, pour éviter les maux de dos en travaillant sur un tabouret mal adapté, sur un coin de table. Il faut disposer d’un bel écran.
Il est nécessaire aussi de s’isoler pour pouvoir se concentrer, ne pas travailler dans la cuisine.
Il faut baliser ses horaires au quotidien avec son responsable et se faire un vrai planning de travail pour être efficace et au final, être satisfait de sa journée.
Un super site pour s’informer : teletravailler.be
et la séquence complète à écouter ici