Murmures du monde

Tour du monde musical : la flûte dans tous ses états

Tour du monde musical : la flûte dans tous ses états

© Nancy C. Ross / Getty Images

Hélène van Loo vous propose une émission entièrement consacrée à un instrument que tout le monde a déjà joué au moins une fois dans sa vie : la flûte. Si, pour beaucoup de personnes, elle est synonyme de souvenirs traumatisants d’école, la flûte est l’un des rares instruments de musique présents dans pratiquement toutes les cultures humaines. Cet instrument est aussi l’un des objets sonores les plus anciens.

Malgré sa diversité, le principe acoustique de l’instrument que nous allons côtoyer durant l’émission, est toujours le même : le son est produit par un jet d’air qui vient se briser sur un biseau. Contact qui entraîne une onde aérienne qui s’amplifie à l’intérieur d’un résonateur.

Nous avons tous des flûtes chez nous : si vous prenez une bouteille en verre et que vous soufflez dedans, vous obtiendrez un son.

La richesse de cet instrument vient en grande partie de la manière dont l’air entre en contact avec le biseau : s’il est porté par un conduit faisant partie de l’instrument ou s’il est envoyé directement par les lèvres du musicien. Les embouchures s’avèrent alors très différentes en fonction de chaque type d’instrument.

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Murmures du monde

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Deux catégories de flûtes

Il y a tout d’abord les flûtes à conduit, parmi lesquelles nous retrouvons la célèbre flûte à bec que beaucoup d’entre nous ont étudié à l’école avec plus ou moins de réussite : attention, cela pourrait faire remonter des souvenirs traumatisant pour certains.

Dans le cas des flûtes à conduit, c’est la facture de l’instrument qui canalise l’air. On a toujours un orifice de souffle et une ouverture appelée "fenêtre" qui accueil le biseau. Pour produire un son, il suffit donc de souffler. Ensuite, évidemment, pour apprendre à moduler son souffle et à faire toutes les petites subtilités qui vont avec la musique de chaque flûte, c’est une autre histoire.

La seconde catégorie de flûte rassemble les flûtes à embouchure libre : l’air n’est pas conduit par la facture de l’instrument, c’est le flûtiste lui-même qui va façonner le jet d’air avec la puissance de son souffle et ses lèvres, pour lui donner la bonne direction et la bonne vitesse. Ce n’est donc pas le type de flûte le plus facile à jouer.

La plupart des flûtes sont faites de bois. Mais il en existe aussi en terre cuite, en porcelaine, en métal comme l’or, en os et même en pierre - on se demande d’ailleurs comment les artisans pouvaient tailler avec autant de précision une matière aussi dure !

Le Japon, le Pérou et la Roumanie, les berceaux de la flûte

© Issy3

Le "shakuhachi" japonais

Le shakuhachi japonais
Le shakuhachi japonais © Getty Images / iStockphoto

Il s’agit d’une flûte à encoche taillée dans une épaisse tige de bambou, très vieille, qu’on cueillait au niveau de la racine. Cet instrument est lié à une branche du bouddhisme zen japonais, appelée "fuke-shū". Parce qu’il possède un répertoire très complexe, le shakuhachi demande des années d’études auprès d’un maître !

La "quena" inca

L’Amérique du Sud est un continent où l’on trouve de nombreuses flûtes : il y en aurait plus de 250 rien qu’en Bolivie. L’une d’entre elles est la quena. On la trouve dans toutes les régions qui formaient l’empire Inca. C’était un instrument sacré, lié aux cycles de la nature, aux récoltes et aux circonstances de la vie.

La légende raconte que l’Inca suprême jouait même des mélodies sacrées sur sa quena.

La musique sud-américaine est principalement basée sur un système pentatonique, à cinq sons. Avec l’arrivée des Espagnols, cette dernière a changé pour s’adapter au système chromatique à sept sons que l’on connaît. On a donc l’habitude d’entendre la quena avec des instruments à cordes comme la guitare, ou des percussions.

Quena issue du Pérou
Quena issue du Pérou © cometary / Getty Images / iStockphoto

Le "caval" roumain

En Roumanie, on trouve pas moins de quatorze sortes de flûtes différentes, la plus connue étant la flûte caval. A ne pas confondre avec le "kaval" bulgare, c’est une flûte initialement jouée par les bergers dans leur montagne. Le caval est un simple tube dans lequel on est venu mettre un petit bouchon appelé "bloc", taillé pour laisser passer juste ce qu’il faut d’air, qui vient ensuite se briser sur un biseau dans sa fenêtre.

C’est donc une flûte à conduit avec une gamme très reconnaissable. La flûte caval ne possède quasiment aucune note dans le registre grave. Pour contourner le problème, le flûtiste recouvre une partie de la fenêtre avec sa lèvre inférieure, ce qui trouble le son et le rend très spécial.

La flûte dans tous ses états

Ney
Bansuris

Le bansuri indien

Cet instrument est utilisé dans la tradition classique hindoustani. Pour jouer les modes différents des rags, on bouche à demi certains trous de jeu. Son timbre est particulièrement "rond" et "doux".

Le ney

Ney signifie roseau en persan. C’est un nom communément attribué à tous les types de flûtes fabriquées dans ce matériau.

L’origine du ney se perd dans la nuit des temps. Certains tombeaux de l’Egypte pharaonique comportent des représentations de flûtes très similaires à celles d’aujourd’hui, tant dans leur forme que dans leur position de jeu.

La simplicité de cet instrument semble être gage de son ancienneté. Tailler un roseau pour en faire une flûte paraît évident.

Le ney a su s’adapter aux cultures musicales de différents pays. Dans la culture ottomane, il est considéré comme l’instrument principal de la musique savante.

La flûte sopilka

La flûte sopilka est une flûte à bloc à 6 trous, originaire d’Ukraine. La sopilka existe en cinq tailles. Le même type de flûte existe également en Russie sous le nom de sopel.

La furulya

La furulya est originaire de Hongrie. Ce terme générique désigne les flûtes à bloc de diverses tailles. Il représente le type de flûte le plus usité. La furulya est taillée dans du noisetier, du sureau, du roseau ou du saule et possède 6 trous. L’emplacement de la fenêtre, sur le côté opposé aux trous de jeu et sous la bouche du flûtiste, permet une technique de jeu particulière : en bougeant la lèvre inférieure de manière à recouvrir partiellement la fenêtre, il peut y a voir production d’harmoniques.

Le kaval bulgare

Le kaval bulgare est considéré comme l’instrument national de la Bulgarie. Tenu légèrement en oblique, le kaval bulgare possède une embouchure biseautée, taillée dans de la corne et rapportée sur le tuyau. Instrument pastoral par excellence, il sert aussi bien d’outil de communication pour le berger avec son troupeau que d’interprète pour les musiques de danse ou de chansons épiques. Le terme générique “kaval” s’applique à des flûtes à conduit en Grèce, Turquie ou Yougoslavie.

Le fluier

Le fluier, est une flûte à bloc roumaine, généralement en bois. Fluier est le nom générique pour la flûte en Roumanie et en Moldavie.

Le naï roumain (flûte de pan)

Il s’agit d’un assemblage de tuyaux, qui peut être en bambou, roseau, bois foré ou autre, d’inégales longueurs, dépourvus de trous de jeu et obturés à leur base. Le flûtiste fait rapidement glisser l’instrument devant ses lèvres tout en soufflant à l’intérieur.

Playlist de l’émission

Sopilka pour une mélodie intitulée “Vinitchok” (mot qui désigne une couronne de fleurs ou petite guirlande).

Kaval bulgare, sur une danse ratschenitsa.

Pal Gusa au furulya pour une mélodie pastorale “les moutons perdus”.

Ion Falcaru au Fluier sur une danse sirba.

Double flute à bec sur une tarina de la Gaina, danse paysane de Tirsa.

Gheorghe Zamfir, virtuose du naï roumain pour la pièce “Hora Bucurestiului”.

 

Emmanuel Pahud, "Syrinx", Claude Debussy

Jorge Pardo, "Quiero Caminar", 10 de Paco

Jeremy Steig, "Howlin’for Judy", Legwork

Uña Ramos, "Una flauta en la noche", La magia de la kena

Isabelle Courroy, "Pulsar", Confluence #1

Kudsi Erguner, "Louange", La Mélancolie royale

Stephan Micus, "Part 4 To the Evening Child", To the evening child

Yacouba Moumouni et Jean Luc Thomas, "Diom Serendou", Serendou- Avel An Douar

Henri Tournier, "Quadrature", Souffles des steppes

Hariprasad Chaurasia, "Jor", sans breath

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