Sous pression, TotalEnergies a retrouvé mercredi les militants du climat au tribunal de Paris: une coalition d'ONG et de collectivités, dont les villes de Paris et de New York, a demandé à un magistrat de contraindre le géant pétrogazier à stopper tout nouveau projet d'hydrocarbures dans le monde.
TotalEnergies connaît le lien entre la crise climatique et ses produits depuis 50 ans
Cette demande sans précédent, jugée "déloyale" et "disproportionnée" par les avocats de TotalEnergies, est une "mesure provisoire" que réclame la coalition en attendant que le tribunal se prononce, pas avant 2024 ou 2025, sur le fond de sa requête: obliger le groupe français à aligner sa stratégie climatique sur l'accord de Paris.
"TotalEnergies connaît le lien entre la crise climatique et ses produits depuis 50 ans: on ne peut pas leur laisser encore quelques mois ou décennies pour s'aligner, un jour peut-être, sur l'accord de Paris", a dénoncé Me Sébastien Mabile, un des avocats de la coalition.
"TotalEnergies est responsable de 1% des émissions de gaz à effet de serre (..) et de 1,9% de la production pétrolière, c'est considérable", a plaidé l'avocat. A l'appui, la coalition invoque les rapports des experts climat du Giec ou l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui a jugé nécessaire en 2021 de cesser tout nouveau projet d'exploration d'hydrocarbures pour respecter l'accord de Paris.
Le groupe se défend en disant n'avoir cessé de renforcer sa stratégie climat depuis son premier plan de 2018. TotalEnergies prévoit de consacrer un tiers de ses investissements aux énergies bas-carbone dans la décennie, mais reste associé au pétrole et bientôt encore plus au gaz, sa priorité. La coalition espère obtenir un équivalent français de l'affaire Shell: en 2021, un tribunal des Pays-Bas, saisi par des ONG, avait condamné le géant pétrolier à accélérer son plan de réduction de gaz à effet de serre. Shell a fait appel.