" Ton style " est une chanson de Léo Ferré de 1971. Une chanson devant laquelle on ne sait pas sur quel pied danser… En tout cas, aujourd’hui, puisque les mots de Léo Ferré nous mettent mal à l’aise…
Voici un petit plongeon dans la moiteur de ce texte à double tranchant :
" Tous ces cris dans la rue. Ces mecs. Ces magasins. Où je te vois dans les rayons. Comme une offense aux bijoux de trois sous. Aux lingeries de rien. Ces ombres dans les yeux des femmes. Quand tu passes. Tous ces bruits. Tous ces chants. Et ces parfums passants. "
Nous sommes en 1971, Léo Ferré est visiblement très impressionné par ces nouvelles amazones qui prennent la rue pour revendiquer la liberté de leur corps – les militantes du MLF, Mouvement de libération de la femme.
Et il en fait un portrait poétique mais très précis dans cette première strophe de la chanson :
" Tous ces cris dans la rue " : il évoque les manifestations. Les défilés du MLF.
" Ces mecs " : pour montrer l’opposition de ce qu’on appelait alors " la guerre des sexes ". " Ces magasins " : pour camper le contexte de la société de consommation.
" Comme une offense aux bijoux, aux lingeries " : pour dire que le combat des femmes est aussi une critique du matérialisme et une remise en question des stéréotypes – la nouvelle amazone est une offense – un affront et une atteinte à tout ce que à quoi on a réduit les femmes (les bijoux, la lingerie…).
Cette amazone, les autres femmes ne la voient pas d’un bon oeil : " Ces ombres dans les yeux des femmes quand tu passes. "
Et toujours la référence à la marche, au cortège, à la manifestation : " Tous ces bruits. Tous ces chants. Et ces parfums passants ".
Et Léo Ferré enchaîne : " Tous ces trucs un peu dingues, c’est ton style ".
Et puis, le refrain : " Ton style, c’est ton cul. C’est ton cul. C’est ton cul. Ton style, c’est ma loi. Quand tu t’y plies, salope. C’est mon sang à ta plaie. C’est ton feu à mes clopes. C’est l’amour à genoux qui n’en finit plus. Ton style, c’est ton cul ".
Quand il dit " ton style, c’est ton cul ", c’est une réflexion néo-patriarcale sur le fait que les femmes s’habillent de plus en plus court. Comme le disaient certains à l’époque, " elles montrent leur cul "… C’est donc une référence à la minijupe, qui obsède Léo Ferré :