La décroissance est quant à elle un projet qui vise à lier économie et objectif de durabilité, en matière à la fois d’écologie et de justice sociale. Côté théorique, il s’agit d’un paradigme critique de l’idéologie de la croissance, "sorte de parapluie qui rassemble beaucoup de concepts comme le post-extractivisme, l’antiproductivisme ou le convivialisme". En pratique, Timothée Parrique définit la décroissance comme "la réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique selon une planification démocratique dans un esprit de justice sociale et de bien-être". À titre individuel, le chercheur nous invite à investir deux grands chantiers, ceux du travail et de la consommation. Pour cela il faut nous questionner : est-ce que la façon dont nous utilisons notre temps, les efforts que nous consacrons, participent à la construction de quelque chose dont la société a besoin ? Si la réponse est négative, l’économiste nous convie à effectuer des "bifurcations productives". Les exemples de telles bifurcations sont légion : sans aller jusqu’à l’exemple quelque peu caricatural du trader qui devient éleveur de chèvre dans le Gard, on peut citer l’économiste qui décide d’inclure l’écologie dans sa pratique, le publicitaire qui, plutôt que de promouvoir des gadgets, va chercher à faire connaître du grand public des initiatives d’entreprises durables et solidaires, … De tels changements ont aussi leur place au sein des entreprises, par exemple en mettant en place collectivement des moyens pour en finir avec les déchets plastiques. Au niveau de la consommation, Timothée Parrique propose que nous mettions en place un "budget écologique" de la même façon que nous planifions nos finances. Calculer notre empreinte carbone nous forcerait à faire des choix qui prioriseraient notre bien-être. C’est "l’écobénéfice la transition écologique". Ainsi, un cycliste dépensera moins qu’un automobiliste pour ses déplacements, ne subira pas le stress des embouteillages, ne polluera pas la planète et en retirera des bénéfices pour sa santé par la pratique d’une activité sportive régulière. Timothée Parrique rappelle que la transition énergétique n’a rien de triste et qu’au contraire, elle peut être source de joie, ce que Pierre Rabhi appelait la "sobriété heureuse", Serge Latouche la "frugalité abondante", Kate Soper "l’hédonisme alternatif". Toutes ces dénominations montrent bien que ce nouveau mode de vie sera beaucoup plus heureux que celui effréné dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Timothée Parrique conclut :
Si l’on arrive à se défaire de l’agitation économique, on va libérer du temps que nous pourrons investir dans les relations sociales, la spiritualité, la politique… Toutes ces choses que nous sacrifions sur l’autel du PIB.