Tout en continuant à revenir régulièrement à Timisoara, il a poursuivi ses études en Sciences politiques à Constance en Allemagne et à Paris en France ainsi qu’à York en Grande-Bretagne, avant de travailler pour l’administration allemande, la Société de coopération internationale (GIZ) et comme conseiller de l’ancien président fédéral et ancien directeur du FMI, Horst Köhler.
Engagé depuis plusieurs années des divers projets sociaux à Timisoara, il envisage de faire campagne pour un futur candidat maire jusqu’à ce que "beaucoup de gens tentent de me convaincre que j’étais peut-être le meilleur candidat. Donc j’ai décidé de me présenter", explique-t-il avec un sourire modeste, passant de l’anglais au français, deux langues qu’il maîtrise au côté de l’allemand et du roumain.
Des études chez les jésuites, un ancien patron CDU, mais aussi un engagement politique chez les Verts en Allemagne, avant finalement de bénéficier d’un soutien des libéraux comme Guy Verhofstadt et l’ancien Premier ministre roumain et commissaire européen Dacian Ciolos. En Roumanie, sa formation politique s’appelle USR PLUS, Uniunea Salvați România, et porte les idéaux de réforme des manifestations pro démocratiques de 2017.
L’an suivant, en 2020, il est élu avec une belle majorité contre le maire sortant Nicolae Robu. "C’est l’Europe vivante. Les citoyens de Timisoara veulent ainsi exprimer leur identité, explique Dominic Fritz. Me voilà le premier maire non-Roumain de Roumanie, mais pas le premier Allemand comme maire car au cours des siècles de son histoire, la ville a eu plusieurs maires avec des noms allemands…" Une première tout à fait en ligne avec l’identité multiculturelle de la ville donc.
La Roumanie toujours aux portes de Schengen
Le maire de Timisoara souhaite d’ailleurs que la Roumanie rentre enfin dans l’espace de libre circulation Schengen, ce que les 27 n’ont pu convenir jeudi dernier. "Je pense qu’il n’existe qu’une seule Europe et la Roumanie en fait partie à part entière. Je suis maire de cette ville en Europe et j’ai aussi ma famille en Allemagne où j’ai grandi et quand je voyage par route de la ville où je suis bourgmestre à celle où ma famille habite, je dois attendre à la frontière pendant des heures. Ce n’est pas correct."
"Il est temps que les Roumains, Bulgares et Croates qui sont toujours exclus de Schengen ne soient plus traités comme des Européens de seconde zone", demande Dominic Fritz. "Et après la barrière que les habitants de Timisoara ont abattue en élisant un non-Roumain comme maire, j’espère que les Européens abattront une autre barrière et admettront enfin ces trois pays comme membres de Schengen".
Vaincre les résistances au changement
"Ce n’est pas où on est né qui compte, mais où on veut vivre sa vie et changer la société", poursuit Dominic Fritz. En deux ans, les changements ne sont pas encore profonds car il faut combattre la corruption et le népotisme, reconnaît le maire qui avance toutefois des réformes comme la numérisation de l’administration, la transparence, la réorganisation, l’ouverture à la jeunesse, à la participation…
Son administration investit beaucoup dans les transports publics, les hôpitaux, les espaces publics, l’enseignement et la culture : "Timisoara a heureusement un potentiel de croissance, économique, sans chômage, avec beaucoup d’investissements européens".