En écoutant ce que vous faites, la musique n’apparait pas comme un but en soi mais plutôt comme un vecteur, une manière de ressentir et d’exprimer les choses, comme il en existe plein d’autres. Est-ce que vous pensez directement en termes de proposition musicale où est-ce que l’essentiel est avant tout de traduire un ressenti ?
Arthur : Je ne veux pas parler pour les autres. Mais comme tu dis, la musique pour moi c’est une manière d’intérioriser et d’exprimer les choses. À un frottement astral près, ça aurait pu être complètement autre chose. Ce qui compte avant tout en fait, c’est que c’est un espace où l’on peut partager des émotions, quelle que soit la forme que ça prend. C’est pour ça qu’on est très attachés au live. Ce qui nous parle avant tout, c’est le spectacle vivant. C’est de faire des choses avec les gens. D’ailleurs, le rapport hiérarchique qui est installé entre le public et l’artiste sur scène nous met souvent mal à l’aise. Nous, on a envie à notre échelle, de briser ces frontières-là. Ce qui compte c’est de vivre un moment partagé et d’accéder ensemble à des choses inatteignables autrement.
Martin : Moi, je vois ça un peu comme un outil. Et pour l’instant, c’est le meilleur outil que j’ai trouvé pour construire ma barque. C’est la meilleure forme d’expression qu’on ait trouvée pour l’instant. En tout cas, on est dans une période de vie où c’est ce qui nous permet d’avoir l’impression qu’on fait quelque chose qui a un minimum de sens.
Paul : On discute beaucoup de tout cela ensemble. Il y a un moment, on rigolait entre nous en disant : "si ça se trouve, dans dix ans, on finira par faire des trucs de claquettes" (rires). L’essentiel, c’est de sentir les choses. C’est ce qu’on fait en concert, tout est toujours une question d’équilibre entre le contrôlé et le non contrôlé.